Je sais qui tu es d’Yrsa Sigurdardottir 4/5 (30-01-2014)
Je sais qui tu es (372 pages) est paru le 11 octobre 2012 aux Editions Anne Carrière, puis en format poche depuis le 3 octobre 2013 aux Editions Points (428 pages).
L’histoire (éditeur) :
Garðar et Katrín débarquent à Hesteyri, village perdu des fjords, pour retaper un gite. Excités, ils pensent être seuls. En hiver, les incidents se succèdent ? Une vieille femme se pend, une école est saccagée ? Et l’aventure tourne au cauchemar. Des pas les suivent, des voix exigent qu’ils partent, un enfant rode… La région est-elle maudite ? Harcelés, ils n’ont plus le choix : il faut fuir ou… mourir.
Mon avis :
Freyr, docteur psychiatre, expert en comportement humains, qui tente de faire le deuil de son jeune enfant disparu trois ans plus tôt, est appelé dans une école où a eu lieu un saccage, puis dans une église où une retraitée s’est donné la mort par pendaison. Rapidement, par le biais de certains de ses patients, il apprend que des faits similaires ont eu lieu soixante ans plus tôt. Et plus troublant encore, certains circonstances le ramènent vers son histoire personnelle et familiale, à savoir la disparition de son garçon.
Au même moment, Garðar et Katrín, un couple trentenaire accompagné d’une amie, embarquent pour Hesteyri, un village isolé dans les fjords, seulement accessible par bateau. Leur projet, après avoir fait l’acquisition d’une maison abandonnée, est de la retaper pour ensuite se consacrer à l’établissement d’un gite pour les beaux jours. Seulement, ils ont beau être tombés amoureux des lieux il y a deux ans, aujourd’hui le froid, la tempête, l’isolement (il n’y a absolument pas un chat sur place. Quoi que…), les bruits suspects, et les objets découverts de-ci de-là changent la donne et leur fait revoir les choses sous un autre angle. La tension entre les trois amis monte d’un cran, et encore plus quand la fatigue et les accidents leur tombent dessus.
Construit intelligemment, le récit alterne les deux intrigues d’apparence distincts, et termine quasiment chaque chapitre en cliffhangher, histoire de maintenir à son paroxysme la pression et l’intérêt du lecteur qui n’a envie que d’une chose : poursuivre sa lecture. Le huis clos glacial intègre en plus une atmosphère surnaturelle, tandis que l’enquête policière qui semble un peu plus traditionnelle se révèle peine de complexité. On échafaude plans et suppositions, mais l’auteure ne laisse que peu d’indices pour bien comprendre les liens entre l’effraction de l’école vieille d’un demi-siècle, celle plus récente, la photo d’écoliers détériorée et les morts violentes de personnages âgés plus nombreuses ses trois dernières années.
L’histoire a le mérite d’être complexe et en même temps assez simple au final. Je sais qui tu es se lit vite et tient ses engagements à de nombreux points de vue : enquête bien menées, ambiance sur la presqu’ile islandaise oppressante et personnages principaux (qui pour moi, reste avant tout le Docteur Freyr) à l’histoire personnelle intriguant et touchante.
J’ai parfois été un peu stressée avec cette présence fantomatique dans le village. Et puis ce froid glacial n’a rien arrangé, j’ai même carrément eu les chocottes par moment c’est vrai.... De plus, Je sais qui tu es est un bon thriller qui ne se limite pas au huis clos basique où roderaient des fantômes qui n’auraient jamais digéré leur mort. Non, non, non, c’est plus travaillé et c’est aussi pour le coup plus addictif. Et puis enfin, pour les frileux des thrillers nordiques qui trouvent leur intrigues beaucoup trop lente : foncez ! Celui-ci n’a rien à voir car il plonge le lecteur très vite dans le vif, sans jamais l’ennuyer avec des paragraphes interminables consacrés aux décors (il y a juste ce qu’il faut et c’est parfais comme ça).
Merci Lizouzou pour ce choix livresque et pour m’avoir fortement tentée avec ton billet.