La Cour des Comptes a
remis son traditionnel rapport
annuel avec son non moins traditionnel lot de petits et gros gaspillages
des deniers publics.
Au-delà de ces dysfonctionnements dont on aimerait que la dénonciation soit
plus souvent suivie d’effets correctifs, ce rapport nous alerte surtout sur le
risque conséquent que la France ne tienne pas ses engagements en termes de
réduction du déficit budgétaire.
Et la cause se trouve à la fois du coté des recettes qui s’annoncent plus
faibles que prévues, que des dépenses dont la réduction, aux dires de la Cour,
s’appuie sur des économies non documentées. En résumé, ce que dit la Cour des
Comptes c’est que ce n’est pas 50 milliards d’économies qu’il faudra trouver
mais certainement plus, et que ces économies, pour le moment, personne ne sait
réellement comment elles vont être faites.
La dette publique est gaillardement partie pour toucher le chiffre
symbolique mais néanmoins monstrueux de 2 000 milliards d’euros soit 95 % de
notre PIB.
Pas très bien engagée cette histoire !
D’autant moins bien engagée, que la Cour des Comptes, toujours lucide,
précise que la politique dite du « rabot », menée jusqu’à ce jour et qui
consiste à grappiller quelques économies un peu partout en essayant de fâcher
le moins possible, a atteint ses limites. En rabotant indifféremment tout ce
qui semblait déborder, sans se préoccuper de différencier l’utile du superflu,
cette politique a créé des effets de bords négatifs. En conséquence, terminé
les demi-mesures quelques fois contreproductives, il faut maintenant taper dans
le dur et engager « des réformes de fond ».
Autant dire que même si la Cour des Comptes reconnaît l’effort déjà fourni,
pour François Hollande et son gouvernement, tout reste à faire. Autant dire
également qu’il y a urgence puisque les réformes de fond, même si elles sont
engagées, ce que rien ne garantit à ce jour, ne produiront pas d’effets
immédiats. Le temps de la concertation chère à ce gouvernement, de la décision
lente de ce gouvernement, de la mise en œuvre et des effets sur les comptes se
comptent nécessairement en années, en beaucoup d’années.
Or, des années, il ne lui en reste plus beaucoup. On ne perd pas impunément
2 ans sur un mandat qui en compte 5 !
Et comme malheureusement la Cour des comptes ne fait pas de miracles mais se
contente d’indiquer qu’il y a urgence à en faire, on voit mal comment la France
pourrait tenir ses engagements vis-à-vis de l’Europe de ramener le déficit sous
les 3% en 2015.
François Hollande doit d’ores et déjà se préparer à aller à Canossa, en
tenue de pénitent, pieds nus, la corde au cou tout en mangeant son large et
bourratif chapeau mitterrandien pour expliquer à la Commission Européenne et
plus généralement à ses homologues européens, qu’encore une fois la France a
été incapable de tenir ses engagements. Pire encore pour lui, il va être obligé
d’expliquer aux Français que, ça non plus, il n’y est pas arrivé.