Avec ces temps de "crises", la politique du moins-disant pour les appels d'offres ou autres consultations a tendance à grandir. Concrètement l'offre la moins chère est dans la grande majorité des cas préféré à celle proposant le meilleur rapport qualité/prix. Bien sur, cela à son lot de conséquence, salaire bas chez les prestataires, baisse de la qualité, produit ne répondant pas au besoin, planning explosé, faillite de l'entreprise et j'en passe.
Ce problème n'est pas nouveau, et la lettre Vauban à Louvois du 17 juillet 1685 montre bien que se problème existait déjà il y a près de 350 ans.
Il serait parfois bien que l'on tire les leçons du passé.
Lettre de Vauban à Louvois du 17 Juillet 1685
Il y a quelques queues d’ouvrages des années dernières qui ne sont point finies et qui ne finiront point, et tout cela, Monseigneur, par la confusion que causent les fréquents rabais qui se font dans vos ouvrages, car il est certain que toutes ces ruptures de marchés, manquements de paroles et renouvellements d’adjudications ne servent à vous attirer comme entrepreneurs tous les misérables qui ne savent où donner de la tête, les fripons et les ignorants, et à faire fuir tous ceux qui ont de quoi et qui sont capables de conduire une entreprise.
Je dis de plus qu’elles retardent et renchérissent considérablement les ouvrages, qui n’en sont que plus mauvais car ces rabais et bons marchés tant recherchés sont imaginaires, d’autant qu’il est d’un entrepreneur qui perd comme d’un homme qui se noie, qui se prend à tout ce qu’il peut ; or, se prendre à tout ce qu’on peut en matière d’entrepreneur, c’est ne pas payer les ouvriers qu’il emploie, friponner tous ceux qu’il peut, n’avoir que les plus mauvais parce qu’ils se donnent à meilleur marché que les autres, n’employer que les plus méchants matériaux, chicaner sur toutes choses et toujours crier miséricorde contre celui-ci et celui-là.
En voilà assez, Monseigneur, pour vous faire voir l’imperfection de cette conduite, quittez-la donc et au nom de Dieu rétablissez la bonne foi : donner le prix des ouvrages et ne refusez pas un honnête salaire à un entrepreneur qui s’acquittera de son devoir, ce sera toujours le meilleur marché que vous puissiez trouver.