Souviens toi de toujours Auser

Publié le 03 octobre 2013 par Marianne Dekeyser @IDKIPARL

Crédit photo : fotosearch

A est, par essence, la lettre du commencement, du recommencement : son expression consacrée dans l’univers des entreprises « mener un projet de A à Z » (commencer et terminer !).

Prendre le « A » au pied de la lettre en innovation devient plus compliqué : par où commencer ? comment commencer ? avec qui commencer ? où commencer ? etc… Il faut beaucoup d’Audace comme aimait à le rappeler Schumpeter.

Paradoxalement, l’Audace n’est peut-être plus la qualité essentielle car le monde du « A » qui structure, détermine le chemin et les options, balise les chausse-trappes connaît une profonde mutation :

  • Première mutation déjà amorcée : De « A », les organisations ont découvert qu’il devenait vital de préparer au moins un plan « B » pour gérer l’incertitude et la complexité.
  • Deuxième mutation émergente mise en lumière notamment par Dana Ardi, anthropologue des entreprises : le monde « Alpha » est fini, vive les entreprises « Bêta », thèse qu’elle développe abondamment dans son livre « la chute du monde Alpha » paru ce mois-ci. Les entreprises référentes s’appellent Amazon, Zappos, Timberland…et s’inspirent toutes de la même philosophie entrepreneuriale : connecter, collaborer, influencer.
    Eric Ries dans son livre, devenu mouvement, « lean start-up« , souligne une dimension-clé à retenir de ces mêmes entreprises : « innover en pensant grand et en débutant petit : développer un produit simple et modeste (ce qu’il appelle le Produit Minimum Viable) afin d’Apprendre par l’expérimentation en boucle ». Malheureusement la phrase explicative du livre s’intitule « adoptez l’innovation continue » ce qui réduit vraiment à tort la portée de l’approche qui peut être totalement adaptée pour l’innovation de rupture (voir plus bas). 

Mais une entreprise de type « Alpha » peut-elle se transformer en type « Bêta » ou devenir une start-up ? En fait oui et je ne parle pas des incubateurs ni des cellules intrapreunariales qui poussent aujourd’hui dans les organisations ; ces pistes sont remarquables mais les entreprises qui les promeuvent ont déjà sauté le pas.
Pour toutes les autres, oui c’est possible d’insuffler l’esprit Bêta mais pas avec les normes référentes.

Ce que je peux voir d’efficace se décline autour de trois idées phares :

Apprendre (état d’esprit) + Volontariat (envie) + Projets (« stop talking, start doing » comme l’assénait une célèbre Saga publicitaire d’IBM au sujet de l’innovation).
La démarche qui consiste à rechercher « l’Innovation Minimum Vitale » (pour voler et transformer le concept de Ries) semble une des plus prometteuses pour les organisations atteintes de l’insoutenable gravité de leur passé et de leur culture « Alpha ».
La sémantique du concept ne fait pas rêver je l’admets mais elle permet d’ « auser innover » et de jouer sur l’effet viral de nouvelles pratiques.

Ries explique dans son opus (page 69) l’exemple de Hewlett-Packard (HP) ou   »Comment Caroline Barlerin, directrice du département d’innovation sociale de HP utilise cette démarche « lean start-up » pour transformer une entreprise en profondeur dans la durée : son objectif ? faire des collaborateurs de HP des acteurs engagés dans la société via du bénévolat. »

En résumé, Caroline Barlerin utilise deux hypothèses d’entrepreneur :

  1. Une hypothèse de proposition de valeur (que pourrions-nous voir en temps réel qui nous servirait à estimer la valeur qu’en retireraient les participants HP faisant du bénévolat ?).
  2. Une hypothèse de croissance qui teste comment de nouveaux clients découvrent un produit ou un service (une fois le programme défini et mis en place comment va-t-il se propager parmi les salariés ?).

Enfin, elle développe un « Service Minimum Viable » pour apprendre plus rapidement, savoir où et comment concentrer son énergie.

Je ne cherche pas à faire l’apologie de la méthode Ries car son intérêt caché tient au fait qu’elle se combine très bien avec d’autres approches types « innovation de business model » ou « design thinking »…En revanche, elle apporte un nouvel éclairage vital sur l’audace et remet au coeur les valeurs de l’innovation : oser imaginer autrement, faire simple, faire preuve d’humilité et apporter du résultat !   

A suivre la semaine prochaine…que retenir des dernières études innovation ?