Avant-propos de cet article: ça fait … très longtemps que j’ai pas publié d’articles ni écrit quoique ce soit et ça m’avait manqué ! Si si. En fait depuis mon article du nouvel an je n’ai pas eu le temps de me consacrer à mon blog entre examens et stage. Je suis partie deux mois pour un stage en Angleterre et j’avais un exam en rentrant en France. Maintenant que j’ai ma licence en poche et que j’ai tout mon temps (car pas de boulot cet été… :/) je vais pouvoir mettre à jour ce blog plus souvent. J’ai pas mal d’idées d’articles. D’ailleurs j’ai pu écrire cet article durant mon séjour mais j’ai pas trouvé le temps de le finir ni de le publier avant aujourd’hui !
Résumé
Piscine Molitor Patel, surnommé Pi après de nombreuses moqueries sur son nom, est un jeune homme de 16 ans complètement plongé dans la religion et la zoologie. Il se trouve partagé entre sa passion pour les animaux et le danger qu’ils peuvent représenter. Il fait également face à un autre dilemme de taille concernant la religion : il veut être chrétien, hindou et musulman en même temps mais on lui explique que cela est impossible. Mais il a “une histoire qui vous fera croire en dieu”…
Après le naufrage du Tsimtsum, un cargo japonais qui devait l’emmener lui et sa famille au Canada en compagnie des animaux de leur zoo, Pi se retrouve en plein milieu de l’Océan Pacifique dans un canot de sauvetage avec pour seule compagnie celle d’un tigre, d’une hyène, d’un zèbre et d’un orang-outan.
J’ai lu ce livre en deux semaines et demi mais j’aurais pu le lire en moins de temps que ça si j’avais eu tout le temps que je désirais pour lire. L’histoire est époustouflante tout autant que le style d’écriture de l’auteur et la structure narrative ! Yann Martel nous prouve son talent d’auteur en se mettant en position de premier narrateur et en racontant l’histoire de Pi à la première personne en se mettant dans la peau du personnage principal. Le début est un peu déroutant et on est dans la confusion immédiate tout comme à la fin du livre d’ailleurs.
Le livre est divisé en trois partie. La première partie se concentre sur la vie de Pi jusqu’au naufrage , à Pondicherry et on y suit sa progression religieuse et spirituelle. Je ne m’y connais pas beaucoup en religions mais je pense que chacune des trois religions a une signification particulière d’un point de vue littéraire par rapport au reste du récit. Je pense (mais ce n’est que mon avis) que l’auteur a voulu dire que peu importe les religions, si quelqu’un croit en quelque chose c’est le plus important : pas forcément en un dieu ou une force divine ou surnaturelle, mais aussi bien en soi, ou aux autres, croire en l’amour, croire en l’amitié, croire au courage, avoir de l’espoir etc. Mais j’ai pas vraiment envie de m’éterniser sur cet aspect du livre.
Il y a des moments intenses et insoutenables au cours du livre mais il y aussi de nombreux creux et quelques temps morts. C’est sûrement ça qui a aussi ralenti mon rythme de lecture. Mais, ces temps morts traduisent justement le temps passé par Pi, seul au milieu de nulle part dans son bateau. Ainsi, on ressent aussi bien les émotions et l’état d’esprit du personnage principal.
Au sujet du film, le visuel m’a totalement époustouflée ! Déjà rien qu’en regardant la bande-annonce vous pouvez vous rendre compte des efforts non seulement budgétaires mais aussi au niveau de l’imagination qui ont été mis pour créer cette merveille du cinéma fantastique. Or, dans le livre on retrouve moins cet aspect visuel si fort qu’on peut avoir à l’écran. Si vous regardez ne serait-ce que la bande annonce et ensuite le film avant de lire le livre vous serez sûrement déçus parce que vous vous serez attendus à tout un amas de couleurs, de descriptions et d’actions intenses dans le livre également. Alors que ce n’est pas le cas ! Le livre est plus sobre. On ressent quand même le stress et la douleur du personnage, on imagine très bien aussi les couleurs, le décor et l’action mais je dois dire que si on voit le film avant on s’attend à lire autre chose que ça. Et ça peut décevoir. Mais même si j’ai été surprise j’ai quand même apprécié le livre et la fin est totalement déstabilisante ! Elle a une signification elle aussi et on la devine facilement !
Ne lisez pas si vous ne voulez pas de spoilers sur l’histoire que ce soit pour le film ou le livre !
A la fin, Pi se retrouve au Mexique et est secouru par des locaux qui s’occupent de lui un certain temps jusqu’à ce que la police vienne le chercher pour recueillir ses propos. Mais c’est l’entrevue entre Pi et deux japonais travaillant pour la compagnie du cargo qui a coulé, que l’auteur/narrateur décide de nous relater. Lorsque Pi leur raconte les faits tels qu’on les a lu, les deux japonais ne le croient pas et se demandent s’il n’a pas perdu la tête. Ils veulent la vérité, celle qui leur paraîtra plausible et réaliste, ou encore raisonnable… Or Pi insiste en disant que c’est la vérité, la seule. Mais après mûre réflexion il décide de leur raconter l’histoire autrement. Ainsi les animaux changent de nature. Le zèbre devient un navigateur du cargo, la hyène devient le cuisiner français du bâteau, l’orang-outan la mère de Pi et enfin le tigre que Pi appelle tout du long Richard Parker… devient Pi lui-même… Mais alors pourquoi raconter l’histoire d’un point de vue animal ?
L’auteur a voulu raconter des faits qu’on attribue à la race humaine normalement d’un point de vue fantastique pour justement dénoncer l’absurdité du comportement humain. Il montre qu’on a tous quelque part en nous une partie animale et sauvage.
Bon, c’est peut-être moi qui voit des significations partout mais pour moi cette fin n’est pas là pour rien et tout ça est une métaphore. Une métaphore très bien écrite d’ailleurs ! Les romans fantastiques sont d’ailleurs souvent la métaphore d’un monde réel… Alors pourquoi L’Odyssée de Pi ferait exception à la règle ? Chacun sa propre interprétation de toute manière, c’est ça l’important. Chacun peut et doit avoir des avis différents et je suis prête à les lire ! Justement
Maintenant passons au film : je préfère écrire un même article pour le film et le livre car l’un ne va pas sans l’autre. Il y a des différences bien entendu mais dans l’ensemble Ang Lee est resté plutôt fidèle à l’oeuvre de Martel. Bien sûr, les effets spéciaux sont spectaculaires et on nous offre tout une panoplie de couleur, de formes tout au long du film : d’une atmosphère orientale en Inde jusqu’au naufrage de Pi dans le Pacifique, tout est époustouflant. Tout comme dans le livre, on observe quelques temps morts mais le film est beaucoup plus rhytmé et on comprend mieux certains aspects du livre également. Notamment pour la fin. Au tout début du film Pi ne monte pas seul dans la canot de sauvetage. Si on observe bien la scène, on y voit le cuisiner (joué par Gérard Depardieu – un rôle qui lui colle assez bien d’ailleurs…) qui s’installe tout au bout avant que Pi n’y monte. Sauf qu’après : plus de trace du cuisiner. On voit seulement le tigre qui essaie de monter dans le canot et la hyène qui apparaît brusquement face à Pi pour marquer son territoire.
Le film dure environ 2h30 mais grâce à la bande son et au déroulement de l’action tout est bien orchestré et on ne voit pas le temps défiler.
Selon moi, le film est à la hauteur du livre, je le trouve même meilleur d’une certaine manière. On y apprend plus de choses et il nous apporte plus d’éléments qui nous permettent de mieux comprendre l’histoire de Pi. Par contre le réalisateur a oublié quelques petits détails qui avaient toute leur importance dans le livre ou alors s’il ne les a pas oublié, il les a moins mis en avant : comme le fait que Pi devienne aveugle pendant un certain temps. Je n’ai pas du tout vu ça dans le film même si je pense que les scénaristes n’avaient pas oublié ce détail, ils ont juste oublié de mieux le montrer.
En résumé : un très bon livre – que je ne vous conseille pas de lire en anglais si vous voulez lire vite ou si vous avez des difficultés dans la langue – qui vaut le détour et un film plus que réussi qui ne fait pas défaut au livre !