Le CSA choisira d’ici moins de quatre semaines le prochain président de Radio
France parmi six personnalités qu’il vient de présélectionner.
Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) a
procédé le mercredi 12 février 2014 à la présélection des candidatures à la présidence de Radio France.
Jusqu’à ce jour-là, la seule information certaine avait été le nombre des candidatures reçues, à savoir douze, et quatre candidatures avaient été
annoncées et plus ou moins confirmées par les candidats.
En tout, six candidats ont été choisis pour faire partie de
la "short list" avant la désignation finale. Chaque choix du CSA se fait à huis clos et à bulletins secrets. Les candidatures qui n’ont pas été présélectionnées resteront confidentielles.
Les six candidats
Ainsi, il y a bien confirmation des candidatures du président sortant, Jean-Luc Hees, du numéro deux de France Télévisions, Martin Ajdari, de la directrice générale d’Arte, Anne Durupty, et de l’ancienne directrice du réseau France Bleu, Anne Brucy (lire leur présentation plus développée ici). Il y a confirmation aussi, très prévisible, que la candidature fantaisiste de l’humoriste Stéphane Guillon n’a pas été retenue.
En revanche, deux autres candidats "sérieux" ont également été retenus par le CSA.
Président de l’Institut national de l’audiovisuel (INA) depuis le 26 mai 2010, Mathieu Gallet (37 ans), qui avait laissé entendre qu’il n’était pas candidat, l’est finalement. Après un début de carrière dans certains médias (Erato
Disques, Pathé, Canal Plus), il a rejoint en 2006 le cabinet de plusieurs ministres, François Loos à l’Industrie, puis Christine Albanel et Frédéric Mitterrand à la Culture et à la Communication, où il a travaillé sur la réforme de France
Télévisions et la numérisation des œuvres du patrimoine national.
Enfin, Philippe Gault (57 ans), a lui aussi été
retenu. Ancien journaliste, il préside depuis 1994 le Syndicat interprofessionnel des radios et télévisions indépendantes (SIRTI) après avoir créé l’une des premières radios libres en 1981 à
Poitiers. Il s’est battu souvent contre la concentration des radios ou des télévisions, ce qui rend sa candidature étonnante.
Une procédure pas si transparente que ça
Les six candidats choisis seront tous entendus le même jour par l’instance indépendante, le mardi 25 février
2014, à raison d’une demi-heure de présentation et de trois quarts d’heure de réponses aux questions. Ces auditions seront faites à huis clos. La décision finale (à bulletins secrets) devra être
connue au plus tard le vendredi 7 mars 2014.
Même si le président du CSA, Olivier Schrameck, a assuré sur Europe 1 qu’il n’avait reçu aucune consigne ni même aucune suggestion de personne :
« Je vous accorde que c’est peut-être la première fois ! », il faut déjà le croire sur parole, cela ne sera jamais vérifiable, mais
par principe, pourquoi ne pas le croire ?, la procédure est quand même contestable.
C’est la loi n°2013-1028 du 15 novembre 2013 relative à l’indépendance de l’audiovisuel public qui régit
cette nomination. Elle laisse donc au CSA toute latitude pour décider de la procédure qui lui paraît conforme à la loi.
Or, le fait de passer les auditions à huis clos rend opaque la procédure. Après tout, il s’agit d’un
établissement public qui appartient à l’ensemble des citoyens français et c’était donc leur droit d’être au moins impliqués dans ce genre de nomination.
Paradoxalement, la procédure adoptée par le Président Nicolas
Sarkozy avait été bien plus transparente puisque le candidat proposé par l’Élysée (unique donc) avait été auditionné par le CSA puis par une commission parlementaire mixte paritaire pour
présenter ses projets et ces auditions avaient été publiques et diffusées en direct par la télévision et sur Internet.
Un candidat qui aurait montré beaucoup de légèreté professionnelle aurait été tout de suite "démasqué", ce
qui n’est pas le cas dans la procédure actuelle où seuls les "sages" du CSA, dans le mystère des antichambres, sont censés s’occuper de l’avenir d’un établissement qui appartient à tous. Je ne
remets bien évidemment pas en cause leur légitimité ni leur intégrité, l’apparition d’autorités indépendantes est un élément qui participe à plus de
démocratie et qui est indispensable comme contre-pouvoirs.
L’histoire de Radio France
Radio France a été créée le 1er janvier 1975 et a été présidée en trente-neuf ans par onze
personnalités, soit journalistes, soit gestionnaires : Jacqueline Baudrier (janvier 1975), Michèle Cotta (août 1981), Jean-Noël Jeanneney (octobre 1982), Roland Faure (décembre 1986), Jean Maheu (février 1989), Michel Boyon (novembre 1995),
Jean-Marie Cavada (novembre 1998), Jean-Paul Cluzel (mai 2004) et Jean-Luc Hees (mai 2009). Parmi ces
personnalités, quatre ont vu leur mandat renouvelé au moins une fois (dont deux, deux fois).
Aussi sur le
blog.
Sylvain
Rakotoarison (13 février 2014)
http://www.rakotoarison.eu
Pour aller plus loin :
Qui présidera Radio France en mai 2014 ?
Communiqué du CSA du 12 février 2014.
François Hollande.
Humour présidentiel à la Maison de la Radio.
François Hollande fête les 50 ans de la
Maison de la Radio (17 décembre 2013).
Jean-Luc Hees.
Philippe
Val.
Jean-Paul Cluzel.
Jacqueline Baudrier.
Stéphane Guillon.
Martin Ajdari.
http://www.agoravox.fr/actualites/medias/article/radio-france-deux-surprises-avant-147975