Le naïf petit patron face à face
Avec le mystique ès astrologiste,
Cartomancien d’un casino salace,
Est bouche bée devant le fantaisiste.
Il lui faut seulement quelques minutes
Pour être charmé par le magnifique
Comme un serpent sort au son d’une flûte
Après mutilation de sa réplique.
Il boit donc chacune de ses paroles
Comme un triste ivrogne en mal de repères
Jusqu’à ne plus pouvoir toucher le sol
Ni démêler le bon du délétère.
Le type lui conseille de partir
De tout abandonner pour se refaire
Une santé physique et financière
A l’autre bout de ce pays, où tire
Tout un chacun d’un village sur un autre
Pleins de belles valeurs mais triste sire
Elevés aux grains, jouisseurs de vautres.
L’obéissant petit patron se dit
Qu’il a toujours voulu trouver soleil,
Plages, océan, verdure, et compagnie
Et décide que ses fermes oreilles
N’entendront plus les avertissements,
Que sa fierté recrache le calmant.
Il essaye donc pendant plusieurs mois
De faire marcher son bel artisanat
Mais ses calculs se heurtent à chaque fois
A la réalité du seul combat
Qu’on ne peut gagner qu’en triturant dans
Les méandres de l’esprit qui abat
Ceux qu’il ne connaît pas depuis trente ans.
Le voilà donc obligé de fourguer
Son beau camion et sa belle maison
Pour partir vivre comme ceux critiqués
Prudhommesquement partout sans raison.