En partenariat avec l'OFCE (l’Observatoire français des conjonctures économiques), la Revue Alternatives Économiques publie ce mois-ci un hors-série intitulé"L'état de l'économie 2014."En 20 fiches et 6 synthèses - sur les politiques publiques, l'Europe, la société, la mondialisation et l'environnement - ce hors-série permet de mieux comprendre les questions qui sont au cœur de l'actualité économique et sociale.
"2014 devrait être une année de reprise de l'économie. Il y a toutefois de bonnes raisons de douter - malheureusement - que cette amélioration suffise à marquer une avancée significative sur la voie d'une sortie de crise, en France et en Europe."
"Si on compare les situations entre les deux rives de l'Atlantique, il n'y a pas photo en effet. Les Etats-Unis connaissent une reprise relativement solide. Même si avoir 7 % de chômeurs dans un pays où la protection sociale est très limitée constitue toujours un défi majeur en termes de cohésion sociale. D'autant que la baisse du chômage est liée pour une bonne part au découragement de nombreux demandeurs d'emploi. Par ailleurs, cette reprise a été une fois de plus très inégalitaire : les 10 % des Américains les plus riches perçoivent désormais la moitié des revenus distribués dans le pays ! Enfin, même si l'accord trouvé fin 2013 sur le budget a un peu limité les tensions, le blocage politique reste à peu près complet au Congrès."
"Les Etats-Unis sont donc très loin d'être tirés d'affaire. Il n'en reste pas moins que, plus de cinq ans après la chute de Lehman Brothers, on est toujours confronté à ce paradoxe fascinant : les Etats-Unis se sortent nettement moins mal que l'Europe d'une crise causée pourtant par la surconsommation et le surendettement des ménages américains, combinés à une incroyable dérégulation du système financier. Alors que les comptes extérieurs de l'Union européenne sont équilibrés, que l'épargne y est abondante et l'endettement des ménages plus limité. Même chose pour l'endettement public."
"Il y a certes en Europe une économie - l'Allemagne - qui s'en sort moins mal que les autres. Mais même les performances de notre voisin n'ont rien de mirobolant. Le PIB allemand ne s'est accru que de 0,4 % en 2013. C'est certes deux fois plus que la France, mais ce chiffre n'est vraiment pas glorieux. D'autant que le PIB allemand n'était supérieur fin 2013 que de 3 % par rapport à son niveau de 2008, alors que le PIB américain l'était de 5,9 %. Autrement dit : les Etats-Unis ont fait deux fois mieux que l'Allemagne pour redresser leur économie depuis la crise. Et pourtant, en Europe, on admire les performances allemandes : "au pays des aveugles, les borgnes sont rois" !
"L'économie européenne devrait cependant sortir de la récession en 2014. Le bout du tunnel serait-il enfin en vue ? Pas vraiment. Le petit rebond d'activité que la zone euro - et la France - devrait connaître ne suffira pas à faire redescendre le chômage des sommets qu'il a atteints. Par ailleurs, les politiques de baisse du coût du travail mises en oeuvre partout ont conduit la zone euro au bord de la déflation. Une situation qui empêche les Etats comme les acteurs privés de se désendetter. Enfin, sur le plan social et politique, la phase qui s'ouvre en Europe est lourde de risques. Ce n'est pas en effet quand on s'enfonce dans la crise que se produisent des mouvements sociaux, mais plutôt quand revient un peu de croissance : ceux qui ont perdu du pouvoir d'achat et surtout leur emploi dans la crise veulent légitimement se rattraper et les tensions montent alors. Bref, malgré la reprise, 2014 reste a priori lourde de menaces. " Guillaume Duval - Alternatives Économiques Hors-série n° 100 - février 2014 Source : Alternatives Économiques
EN SAVOIR PLUS
http://www.alternatives-economiques.fr/l-etat-de-l-economie-2014_fr_pub_1283.html
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L’OFCE (l’Observatoire français des conjonctures économiques) est un organisme indépendant de prévision, de recherche et d’évaluation des politiques publiques, accueilli en son sein par la Fondation nationale des sciences politiques (FNSP), en application de la convention passée en 1981 entre l'Etat et la FNSP. Il regroupe plus de 40 chercheurs français et étrangers.« Mettre au service du débat public en économie les fruits de la rigueur scientifique et de l’indépendance universitaire », telle est la mission de l'OFCE qu'il remplit en conduisant des travaux théoriques et empiriques, en participant aux réseaux scientifiques internationaux, en assurant une présence régulière dans les médias et en coopérant étroitement avec les pouvoirs publics français et européens. L’OFCE couvre la majeure partie des champs de l’analyse économique : la macroéconomie, la croissance, les systèmes de protection sociale, la fiscalité, les politiques de l’emploi ou encore le développement soutenable, la concurrence, l’innovation et la régulation. source www.ofce.sciences-po.fr