Don't fuck with David Foster Wallace par Lazare Bruyant

Par Fric Frac Club
Ça fait des mois que différents documents de la vie manuscrite de David Foster Wallace sortent par paquets diffus sur le web international. Liste en tout genre, discussions sur forum de fans, poèmes d'enfance et tout un tas d'autres trucs qui dessinent des calques superposés autour de l'auteur d'Infinite Jest. C'est chouette. Les lecteurs de David Foster Wallace savent combien le bougre était sensible, parfois au-delà de la sensibilité même. La nouvelle de son suicide, le 12 septembre 2008, en a bouleversé plus d'un, mais surpris très peu ; il souffrait de graves dépressions depuis des années. Cette fragilité et cette empathie incroyable était la marque même d'un oeuvre traversée par des personnages mis à nu. Un poil plus étrange, cette sensibilité à fleur de peau semblait aussi habiter sa correspondance domestique et professionnelle comme le montre ce fax envoyé à Joel Lovell, le rédacteur en chef de Harper's. Wallace n'y va pas avec le dos de la cuillère pour défendre le style très singulier (à dessein) d'un essai qu'il vient d'écrire sur Kafka et qui doit être publié par le magazine.
"Ce que je vous demande c'est de ne pas corriger ce texte comme s'il s'agissait de la dissertation d'un étudiant de première année"
Sinon quoi ? Ben sinon ça :
"Je trouverais un moyen de vous nuire ou de vous faire souffrir si vous foutez en l'air tout le mécanisme de ce texte"
Don't fuck with DFW ! TRANSCRIPTION DU FAX From : David Wallace To : Joel Lovell, Harper's [redacted] (Office [redacted]) This is pretty much the best I can do, I think. I feel shitty sticking a lot of what you wanted in FN's, but I didn't see any work to work it into the main text w/o having to rewrite whole ¶s and throw the thing's Styrofoamish weight off. The deal is this. You're welcome to this for READINGS if you wish. What I'd ask is that you (or Ms. Rosenbush, whom I respect but fear) not copyedit this like a freshman essay. Idiosyncracies of ital, punctuation, and syntax (“stuff,” “lightbulb” as one word, “i.e.”/”e.g.” without commas after, the colon 4 words after ellipses at the end, etc.) need to be stetted. (A big reason for this is that I want to preserve an oralish, out-loud feel to the remarks so as to protect me from people's ire at stuff that isn't expanded on more ; for you, the big reason is that I'm not especially psyched to have this run at all, much less to take a blue-skyed 75-degree afternoon futzing with it to bring it into line with your specs, and you should feel obliged and borderline guilty, and I will find a way to harm you or cause you suffering* if you fuck with the mechanics of this piece. Let Me Know, Dave Wallace * (It may take years for the oportunity to arise. I'm very patient. Think of me as a spider with a phenomenal emotional memory. Ask Charis.) Source et transcription : Letters of Note ------- Co-fondateur du Fric-Frac Club Lazare Bruyant est copywriter pour une agence de communication et blogueur sur le Huffington Post. Il vient juste d'envoyer un CV à Will.i.am pour être son nouveau parolier. En attendant, vous pouvez le retrouver sur La Bruyantissime et @LazareBruyant sur Twitter.