Par Alexandre C.
Le fast-food de la célèbre enseigne américaine a été pris d’assaut par ses premiers clients le jour de son ouverture à Hô-Chi-Minh-Ville, l’ancienne Saigon.
Samedi dernier, la célèbre chaîne de restauration rapide McDonald’s ouvrait son premier restaurant à Hô-Chi-Minh-Ville, la capitale économique du Vietnam. Un symbole fort puisque cette ville était le fief des communistes du Nord-Vietnam – le fameux Viet-Cong – pendant la guerre avec les États-Unis. Près de 40 ans après la chute de Saigon1, la république socialiste a donc cédé aux appels du pied du diable capitaliste en acceptant l’ouverture sur son sol de l’une des vitrines les plus emblématiques du genre. Toutes proportions gardées, l’implantation de McDonald’s dans ce pays rappelle une scène similaire quand, en 1990, l’entreprise avait ouvert un restaurant à Moscou.
L’observateur attentif peut y voir la réussite du modèle capitaliste, pourtant tant décrié de nos jours en occident. En effet, même si le Vietnam est encore gouverné aujourd’hui par un parti unique et corrompu – le parti communiste vietnamien – qui piétine allègrement les libertés fondamentales et réprime les opposant politiques, on peut noter que les dirigeants ont entamé, voici plus d’une vingtaine d’années, la mutation économique du pays. Les réformes menées, connues sous le nom de Đổi mới, que l’on peut traduire en français par « renouveau », ont encouragé la création d’entreprises privées ainsi que la venue de capitaux étrangers2. Les résultat ne se firent pas attendre : dès la fin des années 90, la croissance économique battait des records et la pauvreté avait diminué de moitié. Une vraie réussite, qui provenait de la libéralisation de l’économie et de l’introduction du libre-marché. Le point culminant de cette transition a abouti à l’admission du pays au sein de l’OMC en 2007. Depuis cette date, le revenu annuel moyen par habitant a augmenté de 50% pour atteindre les 1550 dollars.
Cette amélioration du niveau de vie de la population se matérialise par l’apparition d’une classe moyenne toujours plus nombreuse, ayant réussi socialement et avec de l’argent à dépenser. Une manne financière que les entreprises étrangères ont bien identifié. Reste que les modalités d’implantation dépendent grandement de l’humeur du gouvernement vietnamien. Ce dernier n’a pas l’intention de laisser agir ces structures comme bon leur semble et tient à contrôler leur activité par l’intermédiaire de joint-venture. Une manière pour lui de récupérer une partie de la richesse générée par la vente de burgers. Une preuve, s’il en est besoin, que le temps du dirigisme économique, l’un des piliers du communisme, est loin d’être révolu.—
Sur le web.
- Intervenue le 30 avril 1975. On se rappellera au passage des fameux boat-people qui en ont résulté. ↩
- Similaire à la libéralisation de l’économie chinoise, impulsée par Deng Xioping à la fin des années 70. ↩