Ce billet pourrait s’intituler les constellations familiales pour les nuls, dont je fais partie, car il ne s’agit que de relater mon expérience récente mais limitée dans ce domaine.
C’est un outil dont on parle beaucoup dans le milieu du coaching depuis une dizaine d’années et qui est pratiqué de plus en plus.
Il y a une raison à cela. C’est un moyen de résoudre une problématique professionnelle ou personnelle en plongeant dans les histoires familiales au sens large qui se transmettent de générations en générations avec leur lot inhérent de secrets, violences, traditions... Pour fournir une solution à certains comportements, conflits, peurs, freins, qui empoisonnent notre existence, nous empêchent d’avancer et trouvent leurs racines dans cet héritage.
J’ai vécu l’aventure des constellations familiales il y a quelques années alors que cet outil était relativement confidentiel. Je l’ai expérimenté, seule, au cours d’une consultation avec un coach, pour un problème professionnel. J’en avais conclu que c’était plus que surprenant. Spectaculaire, puissant, comme un saut dans le vide. Je me suis confrontée à une sorte de révélation issue de mon histoire familiale à laquelle je ne m’attendais absolument pas et qui a déclenché des émotions violentes.
C’est une chose de le vivre en individuel et une autre en groupe. J’étais donc très curieuse d’observer comment on peut réagir face à d’autres lorsque l’on se trouve soumis à un passé familial embarrassant, à des histoires encombrantes, qui relèvent du domaine intime et privé, et qui nous touchent terriblement.
L’opportunité s’est présentée et j’ai sauté sur l’occasion ainsi offerte d’assister à un groupe de constellations familiales.
Le déroulement est assez particulier. Qu’il soit en individuel, ou en groupe.
Une personne, appelons là "Mimi", raconte à l’animateur, un sujet douloureux, bloquant dont elle cherche à se débarrasser. Il lui propose une mise en scène avec les personnages qu’il estime nécessaires à l’émergence d’une solution : Mimi, adulte et si besoin enfant, mère, père, éventuellement grands parents, conjoint, enfants, sœur, son boss etc. Ces personnes, vivantes ou mortes, sont incarnées par les participants du groupe, que Mimi choisit et qu’elle place comme elle veut dans l’espace. En individuel, on utilise des objets pour symboliser les personnages dont le coach prend la place.
Et la pièce se déroule. Mimi peut être spectateur et rentrer progressivement en scène, ou bien être intégrée tout de suite. L’animateur fait parler les personnages, leur fait exprimer leur ressenti, les fait bouger, etc. jusqu’à l’émergence du nœud pour lequel sera trouvé une solution apaisante pour Mimi.
Donc, me voilà. Journée animée par deux coachs femmes avec une petite dizaine d’autres femmes venues assister ou " consteller".
En avant.
10h15 : la première constellation démarre.
10h30 : je me sens voyeuse, très gênée, " qu’est-ce je fous là !".
10h45 : une irrésistible envie de me barrer me saisit.
11h : c’est fini, ouf! Néanmoins, il va me falloir attendre la pause du déjeuner pour tirer ma révérence, question d’éducation.
11h05 : la deuxième démarre, je suis choisie pour représenter Mimi, enfant, et là tout change !
Je me suis sentie tout à coup très mal, je ne pouvais plus respirer. On me met face au personnage de la petite sœur, une colère violente me saisit. Ensuite je suis, moi la petite fille, face à l’adulte que je suis devenue, je me met à pleurer. Un truc de fou. Pourtant je vous assure, les tables ne bougeaient pas. Et ça a continué toute la journée. J’ai joué d’autres adultes, j’ai été la légèreté, la loi, le gain d’un travail.
C’était extraordinairement passionnant et émouvant.
A la fin de la journée, nous étions épuisées mais satisfaites quel que soit le rôle que nous avions eu.
Je tire deux conclusions de cette journée.
Le poids de l’enfant qui dort en nous. On a beau être adulte, avancé dans sa vie, il est toujours là et il se réveille. Un conflit avec sa boss, un mal-être professionnel, l’incapacité de se projeter dans l’avenir ou de valoriser son travail révèlent, selon les cas, l’enfant blessé, maltraité, dont on a massacré les rêves, que l’on a enseveli sous des interdits paralysants ou dont le grand père caressait des projets pour lui qui n’ont pu voir le jour. La clé est dans la réconciliation avec cet enfant, dans la tendresse qu’il faut lui porter, dans la déculpabilisation qu’il faut lui offrir.
Ce qui fournit à cette posture nouvelle une aide incroyable est le mouvement que j’appelle " rendre à César ce qui est à César" ou le retour à l’envoyeur. Se libérer de ces chaînes qui de générations en générations nous plombent la vie sans que nous en ayons une quelconque responsabilité. Les souffrances, les manques, des parents ne sont pas celles de leurs enfants. A la fin de chaque constellation, il y a comme un rituel, où Mimi exprime sa colère, sa tristesse ou ses remerciements à qui de droit : son père, sa mère, son grand père, à qui elle retourne la responsabilité qui lui revient. Pour se couper de cet héritage trop lourd.
Enfin, une chose. A ne pas faire avec n’importe qui. Ce n’est pas un exercice anodin. Là, c’est le coach qui parle. La qualité, le tact et le professionnalisme de l’animateur sont fondamentaux. J’ai été bluffée par la prestation des deux coachs que j’ai vu travailler.
Chapeau, ladies!