Un jour après ma chronique dythirambique de "12 years a slave", un film éprouvant sur un sujet qui ne l'est pas moins, on ne peut pas dire que je me suis vraiment changé les idées avec trois DVD vus récemment, trois longs métrages qui traitent certes de sujets plus intimes que l'esclavage, mais presque tout aussi douloureux : la maladie d'Alzheimer, le harcelement à l'école et l'accompagnement de fin de vie ne sont en effet pas les sujets les plus rigolos qui soient, et l'idée de les voir aborder par le biais d'une fiction cinématographique peut quand même effrayer un brin.
Heureusement, ces 3 longs métrages sortis en salles 2013 et en DVD plus ou moins récemment-, mais que j'ai tous vus la semaine passée, arrivent, souvent par leur manière de raconter ces histoires, à transcender leurs sujets aux lours potentielles glauquissisme et à faire des films à voir incontestablement.
Petite revue en 3 brèves chroniques que voici :
1.La tête en l'air (sortie DVD 26/09/2013; BAC FILMS)
Voici un film d’animation espagnol pour les adultes, et qui aborde façon très délicate et sensible un sujet malheureusement commun à chacun d’entre nous : la fin de vie et la maladie qui nous isole des autres. Avec sobriété mais avant tout efficacité, Ignacio Ferreras adapte à merveille une bande-dessinée mondialement diffusée. On suit un vieil homme atteint de la maladie d’Alzheimer, est envoyé en maison de retraite par ses enfants, et nous avec. Une heure trente durant, La Tête en l’Air nous plonge dans le quotidien teinté d’humour noir de ces personnes âgées que nous serons tous amenés à devenir un jour ou l’autre, d’ou l’universalité d’un film qui s’adresse pourtant à un public averti, manquant de scènes d’actions pour plaire aux plus jeunes ou de personnages aussi édulcorés que ce que nous proposent les studios américains.
Un très joli film qui, sur un sujet grave, évite les écueils du film déprimant (on n'est pas dans Amour d'Haneke) ou du film trop guimauve et trop joli à regarder. Car le film est porté par une animation modeste qui convient parfaitement à son propos.
Et l’intrigue développe en parallèle un humanisme et un réalisme sincère qui provoquent à plusieurs reprises des scènes poignantes faites de silence et de regards désemparés. Difficilement accessible lors de sa sortie en salles, ce DVD permet de découvrir cette belle surprise de l'animation adulte de ces dernières années (le film fut d'ailleurs récompensé à Annecy)...
La Tête en l'air Bande annonce du film
2. Despues da Lucia ( sortie DVD BAC FILM 29/03 /2013)
Incontestablement le film le plus malaisant et le plus insoutenable de ma sélection, non pas forcément par le sujet, mais par le traitement et la mise en scène de Michel Franco, un réalisateur chilien primé dans différents festivals ( et notamment à un certain regard en 2012, le jury présidé par Tim Roth ayant adoré ce film), et qui livre une réalisation assez proche d'un Michael Haneke ( contrairement au film précédent, le parrallélisme peut se comprendre).
Par le biais de plans séquences très longs et quis'intallent jusqu'à l'insoutenable, ce long métrage pourrait facilement verser dans la complaisance ou de voyeurisme, et si le réalisateur est souvent à la lisière, il s'en garde à chaque fois d'y mettre les deux pieds dedans.
Depues de Lucia est très fort par ses non dits sur les personnages principaux: la jeune fille qui semblait bien vivre la mort de sa mère, semble supporter les mauvais traitements de ses camarades de classe, bourreaux comme une expiation de sa culpabilité, alors quesans dévoiler la fin, le père, qui n'arrivait plus à vivre après la mort de sa femme, va trouver dans sa vengance personnel un motif pour alléger sa souffrance.
Depies de Lucia est une oeuvre extremement forte et dérangeante, à ne surtout pas conseiller à tout le monde, mais qui, par la force de son cadrage et de son filmage est incontestablement un film que l'on garde longtemps en mémoire, une experience qui laisse des traces, et en même temps une oeuvre féroce et intelligente qui laisse le soin au spectateur de faire lui même sa propre analyse.
Libération, cinéma, bandes-annonces
" itemprop="description" />3. Miele; Valéria Golino (sortie 04/02/2014 chez Jour2fête)
Valéria Golino fait partie de mes fantasmes de jeunesse depuis "Rain Man" dans lequel elle jouait la fiancée italienne de Tom Cruise, confronté à Dustin OH Oh Hofman en frère autiste. Depuis la petite fiancée italienne a bien grandi, continué à illuminer certains films (Respiro) et s'est même lancée dans la réalisation de longs métrages avec ce premier long, Miele.
Présenté à Cannes, en mai 2013, ce film a surpris les festivaliers, de par la noirceur du sujet abordé, l'accompagnement thérapeutique en fin de vie, vu que l’héroïne principale met un terme à la vie de ses clients à leur demande.
. Un sujet proche d'un très beau film de 2012, quelques heures de printemps, mais traité ici différemment, notamment parce qu'on est pas du coté du mourrant pas du coté de la personne qui administre le liquide donnant la mort.
Un sujet autrement délicat pour un cinéma italien bercé dans une culture catholique très forte où l'euthanasie est particulièrement mal vue, mais à l'arrivée, une oeuvre sensible et pleine de tact, qui ne nous inflige aucun dogme ni leçon de morale.
Le film surprend aussi par son virage pris à mi parcours lorsque Miele abandonne un peu sa thèse principale pour s'interesser à la relation belle et singulière entre cette jeune fille (Jasmina Trinca, renversante de beauté et d'ambivalence dans son interprétation.) et un homme qui fait appel à ses services non pas parce qu'il est malade mais qu'il est fatigué de vivre...
.Là encore, cette relation sera traitée avec énormément de dignité et de sensibilité par ce très beau film que je vous conseille sans l'once d'une hésitation.