Alors que le rayonnement numérique de France Télévisions s’est encore nettement accentué en 2013, nous partons à la rencontre d’Antonio Grigolini (@antuan), Responsable Social TV du groupe, et de Philippe Bourquin (@bouppy), Directeur du Développement et de la TV Connectée, qui ont accepté de nous faire partager leur vision de la Social TV, leur mise en pratique mais également leurs projets à venir.
Comment voit-on la Social TV chez France Télévisions ?
Pour nous, la Social TV désigne tout ce qui contribue à enrichir l’expérience des téléspectateurs et internautes avant, pendant et après la diffusion d’un programme et ce sur tous les écrans : télévision, ordinateur, smartphone et tablette.
La Social TV c’est donc finalement un nom donné à la « nouvelle télévision », celle qui crée du lien avec les téléspectateurs en intégrant une expérience numérique et sociale à l’antenne, par opposition à « l’ancienne télévision », cantonnée à un seul écran et une seule situation.
Nous avons une vision intégrée et maillée de la Social TV, qui vise à offrir une expérience cohérente et pertinente aux téléspectateurs.
Nous avons une démarche industrielle, nous développons des dispositifs cohérents pouvant être dupliqués sur différents programmes. Cette industrialisation de la Social TV nous permet d’une part de satisfaire la nécessité de servir beaucoup de programmes de manière pertinente et d’autre part de capitaliser sur l’ensemble des dispositifs créés afin qu’un maximum de programmes et de genres différents puissent en bénéficier.
On ne se pose pas la question de savoir s’il faut créer un dispositif Social TV pour un programme mais l’on se demande plutôt : « Quels dispositifs peut-on proposer pour ce programme ? » ou « quelle est la meilleure expérience ? ». Cette intégration de la Social TV se fait donc sur des programmes très variés. Il y a bien sûr des événements incontournables comme les Jeux Olympiques de Sotchi, les Six Nations, les élections municipales ou encore des primes événementiels qui vont bien fonctionner. Mais à côté de cela, France Télévisions a aussi la mission de travailler sur des programmes qui ne sont pas des cartons d’audience et ainsi de tester des choses sur de nouveaux genres. C’est ici que notre démarche industrielle prend tout son sens.
Le but c’est que la Social TV apporte une expérience riche et pertinente aux téléspectateurs, et que in fine les dispositifs soient « utiles » pour nos publics. Notre méthode consiste donc à voir ce que l’on peut faire, en collaboration avec les auteurs et producteurs, dès la création d’un programme mais aussi en aval.
D’ou vient ce désir d’investir dans la Social TV ?
Notre volonté d’investir dans la Social TV répond plus à une nécessité qu’à un engagement spécifique.
Tout comme Canal+, nous sommes dans une position particulière : nous avons certes des objectifs publicitaires, mais aussi le besoin de justifier un « abonnement », en l’occurrence la redevance. C’est pourquoi nous nous mettons au service du public et des ses usages, en le plaçant au cœur de nos préoccupations. Notre but n’est pas de répondre à un simple objectif d’image, en proposant des choses « sexy et sympas » ni à un unique objectif de rentabilité, en augmentant le reach et le nombre de vues. Nous souhaitons également satisfaire les demandes de nos utilisateurs en apportant une réponse à leurs nouveaux usages.
Comment votre investissement dans la Social TV se concrétise t-il?
Notre investissement en Social TV passe d’une part par une collaboration avec les Nouvelles Ecritures et d’autre part par le développement d’outils.
Le service des nouveaux médias travaille en étroite collaboration avec le département des Nouvelles Ecritures qui a une réflexion beaucoup plus avant-gardiste. Ils ont une logique différente, loin de l’industrialisation, qui, en comparaison, s’approche plutôt de la recherche et développement. Cela permet de donner de belles choses en poussant l’expérience le plus loin possible. C’est d’ailleurs ce qui explique leurs nombreuses récompenses. Il nous faut ensuite appliquer cette logique de recherche et d’innovation radicale à l’industrialisation, un peu comme l’on adapte de la haute couture au prêt à porter.
On peut notamment prendre l’exemple de la plateforme « Les voix du silence », prototype des Nouvelles Ecritures qui a très bien fonctionné et dont la structure a ensuite été reprise pour être déployée sur d’autres thématiques. Un autre exemple : Les Textapes d’Alice – à venir le 16 janvier prochain – qui nous racontent ces nouvelles relations 2.0 et leurs rituels textuels grâce à un player totalement inédit qui permet à l’internaute de réaliser sa propre version de chaque épisode en réécrivant les textos de la série. Un dispositif inédit, développé par Francetv Nouvelles Ecritures et Morgane Productions, qui mêle interactif et collaboratif.
Pour ce qui est des outils, ce sont d’abord des équipes dédiées qui travaillent pour augmenter les possibilités d’interaction. Ces nouveaux outils viennent enrichir une catalogue toujours plus important, dans lequel les équipes de France Télévisions viennent piocher pour proposer une expérience enrichie, pertinente et cohérente autour d’un programme.
Par ailleurs, ces outils servent également à développer davantage le rayonnement numérique et le service de France Télévisions, comme dernièrement avec nos partenariats avec les constructeurs de téléviseurs , grâce au développement d’un menu complet d’applications autour de notre offre de programmes.
Quels sont vos projets pour l’année 2014?
Pour ce qui est des Jeux Olympiques d’hiver de Sotchi, nous devrons répondre à un challenge particulier : placer le téléspectateur au cœur de l’événement bien qu’il n’y ait ni d’unité de lieu ni d’action. C’est pourquoi nous engagerons la conversation avec le public via tous les supports, et notre page facebook francetvsport plus particulièrement…
Concernant les élections municipales, nous analyserons les conversations et suivrons l’empreinte sociale de chaque candidat au fil des semaines. Les sites régionaux de France Télévisions proposeront aux internautes un indicateur du « buzz social » dans les principales villes de France. Une homepage spéciale sera prévue sur tous les sites régionaux de France 3 pour la soirée et il sera possible de suivre tous les résultats, avec des informations sur le terrain et une timeline de l’information de chaque région. Nous encouragerons également les journalistes à tweeter des infos, des photos, des vidéos…
Mais nous effectuons également un travail de fond en matière de Social TV pour préparer la diffusion de l’Eurovision, des Victoires de la Musique, du Tournoi des Six Nations, de la quotidienne de France 5, de l’ « Emission pour Tous » de Laurent Ruquier, de la saison 2 du « Meilleur pâtissier » et j’en passe… A suivre donc !
Un grand merci à Antonio Grigolini et Philippe Bourquin d’avoir répondu à nos questions.