Je pense avoir trouvé un auteur dont j’aime l’humour, même quand il ne désire pas être drôle, et peut-être parce qu’il ne le désire pas à tout prix.
Les excès de Charles-Alexandre Dulong ont récolté mon lot de sourires chroniques, celui-ci occupant pour mon plus grand plaisir, le rôle de narrateur. Stéphane Achille a su exploiter avec finesse les excès de ce personnage. Grâce à sa formation légale, celui-ci est en charge du département de la rédaction des modes d’emploi. Si vous vous êtes déjà demandé qui rédigeait ces mises en garde « ne pas immerger un séchoir dans l’eau quand il est branché», c’est notre narrateur qui s’en acquitte avec le plus grand des sérieux.
Comment peut-on devenir maniaque de la procédure, encadrer chacun de nos gestes au point de tuer toute spontanéité en soi? Bref, comment peut-on tenir à tout prix à se protéger de la vie? Les réponses à ces questions se trouvent dans les chapitres des années 1984, alors que Charles-Alexandre est un gamin de 11 ans.
L’auteur nous fait voyager de la racine (1984) à la fleur de l’âge (2011), aussi progressivement que subtilement, nous laissant découvrir pourquoi l’homme est devenu ce qu’il est : un être obsessif compulsif socialement productif.
Les chapitres sur l’enfance sont captivants, une perle que cette relation avec sa mère, mais de le retrouver ensuite à l’âge adulte est jouissif. Ce professionnel prétentieux se prend en défaut et s’enfonce lentement les pieds dans les plats à la suite d’une erreur. Si vous voulez voir comment panique un homme qui vit aussi méthodiquement qu’un métronome ? Vous en trouverez une démonstration comique et complexe.
Que j’ai apprécié cette satire en douceur de notre société qui surconsomme couche de protection par-dessus couche de protection ! Nos travers de société défilent sous nos yeux, sans ton explicatif, encore moins moralisateur. Des intrigues assez denses nous mènent à tourner vivement les pages, tout en ne voulant rien manquer de ce style pince-sans-rire tout en subtilité.
Je ne l’ai pas lu, je l’ai souri.