En 1968, dans mon livre de biologie de terminale, avec un maïs en couverture, on pouvait apprendre ce qu'est la double hélice de l’ADN découverte par Watson et Crick, 15 ans plus tôt, et tous deux nobelisés en 1962.
L’alphabet de base en 4 lettres ATCG de la vie, de toute la vie des bactéries procaryotes sans noyau aux grands primates que nous sommes.
Dans ce même livre de biologie, il y avait aussi l’ARN messager et le mécanisme de transcription de l’ADN régulant la synthèse d'enzymes et de virus découvert par Lwoff, Monod et Jacob nobélisés en 1965.
Savoir que des connaissances aussi récentes étaient mises à la portée d’un bachelier n'a pas cessé de m’étonner. Au lycée, on était passé en rien de temps des vénérables grecs, Pythagore, Archimède ou Hippocrate, aux derniers savants tous encore vivants et presque jeunes en 1968.
Cette merveille du code génétique que soupçonnait le moine Mendel cultivateur d’épervières* ou de pois jaune et verts, lisses et ridés dont l’article génial, Recherches sur des hybrides végétaux, avait mis plus de 40 ans pour éveiller la curiosité des scientifiques les plus pointus à la fin du XIXième. Cette merveille de code est tombé dans le vocabulaire et engendre des métaphores à tout va chez le journaliste le moins scientifique qui soit. Normal pour un code génétique me direz-vous.
Aujourd'hui, on place de l’ADN partout… l’ADN politique de Mélanchon, l’ADN du sport, l’ADN des organisations, l'ADN de l'écologie… métaphore qui signifie simplement les fondements, l'origine, la base, le cœur, l’essentiel… Bien sûr on dit aussi « le code génétique » du PS, du FN, de Gaz de France… Si on veut faire encore plus savant on parle de génotype, le génotype propre à notre sainte république, ou encore, plus fort ! de génomique. Ah la génomique de l'armée française !
Pourquoi se gêner ? Où y a des gènes, y a bien du plaisir. Le plaisir de parler pour ne rien dire. Celui de faire de belles phrases. Perso, je préfère encore les métaphores quantiques. Par exemple, le principe d’incertitude : "On ne sait pas si François Hollande est à gauche ou droite, mort ou vivant, il est comme le chat de Schrödinger, incertain."
Géne : Du grec genos (γένος) qui veut dire naissance, famille, race, clan… Un terme inventé au début du XIX pour désigner un morceau de chromosome. Dans le même clan des mots γένος a aussi accouché de engendrer, générer, généalogie, génique, antigène, genèse, génération, génésique, genre, générique, dégénéré, génétique, génie, le génie génétique est donc doublement relié au genos… et même généreux (de bonne race) ou encore général (qui se rapporte à une espèce), et le mot à la mode intergénérationnel.
* Épervière : "Oreille de souris", "Oreille de rat", "Piloselle de rat", "Herbe à l'épervier" ou Veluette. Il existe de nombreuses variétés d'épervières. La piloselle est un herbicide naturel antibiotique et diurétique. C'est aussi une jolie fleur, je vous l'offre.