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Les revenus passifs

Publié le 11 février 2014 par Chroom

Revenus passifs

On entend souvent parler dans la blogosphère des revenus passifs. Très souvent malheureusement cette désignation est utilisée à tort et de manière abusive. En vérité, les revenus réellement passifs sont une denrée rare. Si on pouvait recevoir aussi facilement de l’argent sans travailler, ça ferait rapidement le tour de la planète et tout le monde voudrait sortir du fameux schéma métro-boulot-dodo. Malheureusement la grande majorité d’entre nous doit quand même travailler afin de nourrir sa famille et faire fonctionner notre société. Les personnes qui vivent de revenus totalement passifs ne représentent qu’une petite minorité. En attendant cette aubaine, nous pouvons nous consoler en complétant les revenus de notre activité lucrative par des revenus passifs. Mais commençons par voir ce que cela signifie exactement.

Pour les différents auteurs internautes, les revenus passifs se caractérisent de la manière suivante :

  • Contrairement aux revenus actifs, ils ne sont pas dépendants et proportionnels au temps et aux efforts consacrés à la tâche génératrice de revenus.
  • Ils requièrent très peu ou pas du tout de participation active de votre part, ce qui veut dire que vous gagnez de l’argent même quand vous ne faites rien.
  • Ils ne requièrent pas votre présence physique, ce qui veut dire que vous pouvez être à l’autre bout de la planète, ceci ne changera rien.
  • Ils tirent leur force de l’automatisation des tâches plutôt qu’à leur répétition.
  • Ils prennent du temps à mettre en place, au début, phase durant laquelle ils génèrent pas ou très peu de revenus. Par contre par la suite, ils ne demandent quasiment plus aucun effort nécessaire et génèrent des revenus 24h sur 24, 7 jours sur 7.
  • Ils génèrent des marges considérables car le fruit des revenus vous revient directement (et non pas à votre patron).
  • Vous êtes votre propre patron. Vous décidez ce qui doit être fait et quand cela doit être fait.
  • Ils sont généralement moins taxés que les revenus actifs.

Quelques exemples considérés comme des revenus passifs dans la blogosphère :

  • Loyers payés par les locataires
  • Droits d’auteur, brevets, inventions
  • Revenus publicitaires tirés d’un site Internet
  • Revenus tirés d’un produit commercialisé sur la toile
  • Le trading
  • Les dividendes d’actions ou coupons d’obligations
  • Les pensions de retraite
  • Créer / racheter un business

Voyons maintenant pour chacun de ces exemples si l’on peut on pas parler de revenu passif.

Loyers immobiliers

L’encaissement de loyers impose la gestion du bien immobilier et du flux des locataires. Il est nécessaire de s’assurer de la fiabilité financière du locataire, de suivre le paiement des loyers, réclamer si nécessaires les montants non versés, ce qui peut parfois amener à des procédures administratives compliquées et durables. Il faut aussi effectuer l’état des lieux d’entrée et de sortie, rédiger/signer le contrats de bail, effectuer les réparations/rénovations nécessaires du bien immobilier, etc. Si le locataire est fiable et fidèle, et que le bien est en bon état, alors l’investissement en temps n’est pas trop important, mais si ce n’est pas le cas, alors les soucis et le temps nécessaires à la gestion peuvent vite devenir importants. Vous ne pouvez pas non plus vous absenter trop loin et trop longtemps (par exemple partir plusieurs mois sur une île au chaud), car votre bien et/ou votre locataire peut nécessiter votre présence physique. La seule possibilité pour que les loyers immobiliers soient véritablement un revenu passif, c’est de confier leur gestion à une gérance immobilière. Ceci vous en coûtera néanmoins environ 5% du loyer. Dans ce cas votre seul travail sera de valider ou non d’éventuels travaux et d’encaisser les loyers.

Droits d’auteur, brevets, inventions

Composer des chansons, écrire un livre, mettre au point un logiciel ou une application smartphone requiert du temps et des efforts au début. La réussite n’est pas toujours au rendez-vous. Par contre, une fois le travail achevé, et si le produit fonctionne, vous n’avez plus rien à faire, si ce n’est encaisser des royalties. Vous pouvez vous mettre en mode pilote automatique, même à l’autre bout du monde et toucher vos revenus 24h sur 24. Malheureusement cette manière de faire requiert des compétences et un talent particulier. Elle n’est donc de loin pas accessible à chacun d’entre nous.

Revenus publicitaires à partir d’un site Internet

C’est l’erreur classique. Le grand mensonge connu par toute la blogosphère sauf par ceux qui s’y lancent. Beaucoup de sites vous vantent et même vous vendent des solutions pour tirer des revenus passifs à partir du Web, alors même qu’eux-mêmes ne tirent ces profits qu’à partir de votre crédulité. Soyons clairs : à moins de générer un trafic vraiment considérable, les revenus tirés à partir de la publicité sur Internet servent à peine à couvrir les frais d’hébergement du site. Même si vous optez pour un hébergement gratuit (ce qui n’est pas possible si vous souhaitez entreprendre quelque chose de sérieux), les revenus sont dérisoires. Vous pouvez obtenir la même chose rien qu’en investissant dans deux positions de titres payeurs de dividendes (voir plus bas), sans que vous n’ayez rien à faire.

Et à moins de créer un site vraiment extraordinaire, n’imaginez pas que vous aller échapper à cette règle. La très grande majorité des sites sur le Web génèrent un petit trafic avec de faibles revenus publicitaires. De plus, et peut-être surtout, tenir un site Internet requiert beaucoup de temps. Bien entendu, vous pouvez opter pour un site statique avec des mises-à-jour peu fréquentes, mais cela se fera au prix d’un faible référencement, et donc des revenus encore plus modestes. Un blog génère plus de trafic et de revenus, mais demande beaucoup de temps pour rédiger les articles, modérer et répondre aux commentaires, assurer la maintenance technique, le développement du site et son référencement. Plus vous souhaiterez vous démarquer des autres blogs, plus il vous faudra travailler non seulement sur la rédaction, mais aussi sur la mise en page et sur la technicité du site. Ce dernier aspect est très souvent sous-estimé. Un blog sérieux demande quelques connaissances en informatique (langage html, php, mysql…) et un temps important pour les mettre en application. Quel blogueur n’a pas passé une nuit blanche ou sacrifié une journée en raison d’un problème technique sur son site ?

Bref, le ratio bénéfice/investissement en temps du blogging est vraiment très faible. C’est tout sauf un revenu passif. La confusion provient bien sûr de ces arnaqueurs du Web qui vous vendent la solution miracle pour devenir riche à partir d’un blog, mais pas seulement. Elle vient aussi du fait que les revenus publicitaires peuvent être obtenus 24h sur 24, 7 jour sur 7, où que vous soyez dans le monde et que vous vous organisez comme vous le souhaitez. Vous pouvez en effet bloguer n’importe quand et depuis n’importe où, pour autant que vous soyez connecté au Web. Mais malheureusement les revenus sont vraiment trop minimes, surtout par rapport au temps que cela nécessite.

Revenus tirés d’un produit vendu sur la toile

Pour contourner ce problème, beaucoup de blogueurs se sont orientés vers la commercialisation de produits via leur site. Si cette stratégie est bien plus efficace du point de vue des gains effectués en comparaison à l’approche publicitaire, elle n’en demande néanmoins pas moins de travail, bien au contraire.

Vendre des produits demande des compétences techniques, du développement et donc du temps supplémentaire, en tout cas au début. Par la suite, si cela est bien fait, on peut dire sous certaines conditions qu’on passe en mode automatique. C’est ce qui se passe avec les produits numériques, tels que des e-books ou des accès payants. Par contre les biens physiques réclament de la manutention, à moins que cette tâche soit sous-traitée. Dans tous les cas il faudra que l’interface entre le site lui-même et la méthode de paiement soit la plus automatisée possible, faute de quoi une gestion manuelle importante sera nécessaire.

Là aussi, comme pour les revenus publicitaires, il ne faut pas s’attendre à des miracles. C’est certes un peu plus lucratif, et même si la technique permet d’automatiser au mieux les différentes tâches à effectuer, il faudra toujours que le site soit bien tenu à jour afin d’assurer un référencement suffisant. Donc pas mal de travail quand même, pour des revenus loins d’être extraordinaires. Encore une fois on ne peut pas vraiment parler de revenu passif.

Le trading

Certains pratiquent le trading, technique qui consiste à acheter un titre côté en bourse en espérant le vendre plus cher un peu plus tard. Certains d’entre eux revendent même le(s) titre(s) le jour même, espérant réaliser quotidiennement une petite plus-value, sans garder de position ouverte après la clôture du marché. On appelle ceci le day trading. Les statistiques des brokers US montrent que 90% de ces traders perdent de l’argent. Il est évident que cette activité nécessite du temps de suivi non seulement en cours de journée, mais aussi un temps de recueil d’informations en dehors des heures d’ouverture du marché. Sans compter que c’est une activité pour le moins stressante, le day trader devant à quelque part assurer quotidiennement son revenu. Même si le trading s’effectue sur des périodes plus longues, le travail de suivi et de collecte d’informations est quand même bien présent.

Le trading permet de gérer son temps comme on le souhaite et on peut effectuer cette tâche depuis n’importe où dans le monde. Par contre on ne peut pas vraiment dire que les revenus sont indépendants de la répétition des tâches effectuées, surtout dans le cas du day trading. Vous êtes dans tous les cas obligés de passer des ordres en bourse pour réaliser des profits (mais aussi des pertes). On peut semi-automatiser certains ordres, mais il faudra tout de même les paramétrer. Dans tous les cas, si vous ne faites rien, vous ne générez pas d’argent. Le trading réclame une gestion active. Nous sommes donc une nouvelle fois bien éloignés de ce que l’on peut qualifier de revenu passif.

Les dividendes et les coupons

Les dividendes correspondent à la part du bénéfice d’une société qui est redistribuée aux actionnaires. Les coupons représentent l’intérêt que verse une obligation à son détenteur. D’un côté on donne au détenteur d’une action la part du bénéfice qui lui revient, de l’autre on rémunère le détenteur d’une obligation pour avoir prêté de l’argent. Les deux méthodes sont certes différentes par nature, mais au final la démarche pour toucher un revenu passif à partir de ces deux types de placement est assez proche. Il s’agit de sélectionner un ensemble de titres de qualité qui verseront à intervalles réguliers (le plus souvent trimestriellement, annuellement, voire aussi parfois mensuellement ou semestriellement) des revenus à son propriétaire. Si la démarche peut prendre un certain temps au départ pour bien choisir les positions, il ne demande par la suite qu’un suivi très modeste, pour autant que le travail initial ait été correctement effectué.

On peut bien entendu panacher les actions fournisseuses de dividendes et les obligations fournisseuses de coupons. Le gros avantages des premiers, c’est qu’il sont susceptibles de croître avec les bénéfices, et qu’ils permettent donc non seulement de se couvrir face à l’inflation, mais surtout d’augmenter ses revenus année après année, sans aucun effort supplémentaire. Les dividendes et les coupons sont vraiment une source de revenus passifs. On gère son temps comme on l’entend, depuis n’importe où dans le monde et l’on continue à les toucher, quoi que l’on fasse et sans aucune aide extérieure.

Créer / racheter un business

Beaucoup estiment aussi que l’on peut créer son propre business ou racheter un business déjà existant, pour devenir son propre patron. Mais être patron est tout sauf du repos. Il faut déjà pouvoir générer des bénéfices, ce qui n’est pas si évident. Il faut assurer la survie à long terme de l’entreprise, pouvoir non seulement se payer, mais aussi ses fournisseurs, ainsi que ses éventuels salariés. Il faut aussi gérer les conflits avec ces derniers, recruter, licencier… Dans tous les cas, avant de pouvoir déléguer ces tâches à d’autres personnes, il vous faudra déjà atteindre une taille suffisamment importante et vous porterez toujours la responsabilité ultime de tout ce qui s’y passe. Non, gérer un business est tout, sauf un revenu passif.

Conclusion

Je l’ai dit en introduction, les revenus réellement passifs sont très rares. Je mets volontairement de côté les droits d’auteurs, brevets et inventions qui ne s’adressent qu’à une toute petite élite. Au final, seuls les dividendes, les coupons d’obligations et les loyers immobiliers avec l’aide d’une gérance immobilière sont vraiment passifs dans le sens qu’ils ne sont pas tributaires d’un effort de la part de leur propriétaire. Que ce dernier dorme, qu’il parte en vacances, qu’il soit malade ou tout simplement qu’il ait d’autres choses plus intéressantes à faire, il continuera à toucher ses revenus. J’allais oublier aussi les rentes de pension. Bien entendu c’est un type de revenu 100% passif. Mais qui a envie de travailler jusqu’à plus de 60 ans pour en bénéficier ?


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