Le fil rouge de cet article sera un filon russe. C'est par un pur hasard que ma liste de lectures en cours s'est mise à graviter autour de ce thème.
J'ai donc lu Enfance de Gorki. Puis, j'ai pioché dans une boîte à livres le 1er de la pile: Pouchkine, La Dame de pique. Moins par hasard, j'ai voulu lier le tout avec Histoire de l'URSS d'Aragon.
Et puis, il y a cet autre tenant un peu moins glorieux et plus terrifiant: l'adjectif "russe", je l'associe à la roulette et à la mafia;
II. La Russie en littérature
Le roman de Gorki, Enfance, est une autobiographie fictive en apparence mais il s'agit d'une fausse fiction puisqu'à travers la vie d'Alexis, c'est celle de Maxime Gorki qui est dévoilée. C'est l'histoire d'Alexis dont le père est décédé et que la mère a d'abord abandonné, puis repris puis définitivement délaissé. Ses grands-parents l'élèvent. Son grand-père et sa grand-mère sont très présents dans son éducation: le grand-père l'instruit en lui racontant des faits historiques, alors que la grand-mère lui raconte des histoires plus ou moins romancées sur la vie du père, des légendes auxquelles le gamin va croire dur comme fer. Finalement, je me rends compte que ma vision imaginaire enfantine de la Russie et de la famille Russe trouve un véritable écho dans le récit de Gorki. Il va falloir que je fouille mes origines et que j'analyse mon arbre généalogique. Aurais-je un petit côté "Mademoiselle Akdov"?La relation que le petite Alexis entretient avec sa grand-mère est formidable: cela me rappelle un petit peu la mienne quand elle me racontait souvent des histoires de sa jeunesse. Bref, ce n'est pas le sujet.L'image du grand-père terrifiant qui raconte l'histoire mais qui laisse de nombreux points de suspension, qui passe sous silence de nombreux faits rappelle effectivement tous les secrets Russes. Tout y est dans ce livre: Gorki dépouille à merveille les personnages. Il les dépeint tels qu'ils sont avec tantôt la sensibilité tantôt la cruauté humaines. Il montre une réalité qui n'est pas toujours rose et que la loi du plus fort est souvent la meilleure. La seule hiérarchie qui existe est celle de la force: le patron aura toujours l'ascendant sur l'ouvrier, le riche sur le pauvre, le grand sur le petit, l'homme sur la femme. On accepte de se faire tabasser sans se révolter si notre bourreau est plus fort que nous. C'est la logique. C'est la loi. C'est la Russie. Autant dire que passage à tabac des femmes (la grand-mère, la mère) par le grand-père est difficilement lisible d'autant plus que l'acte est tout à fait banalisé et normal.Un roman très intéressant en somme.