Un an après la sortie de leur 5ème album en 2012, ils ont remis ça. En 2014, le groupe danois WhoMadeWho revient sur le devant de la scène musicale avec un nouvel opus intitulé « Dreams », disponible dès le 28 février. Rencontre avec le trio électro originaire de Copenhague au FluxBau, restaurant chic situé au bord de la Spree craquelée par la glace, face au mur de Berlin.
ACROSS THE DAYS. Pourriez-vous présenter votre groupe ? Comment vous-êtes vous rencontrés et pourquoi avez-vous décidé de travailler ensemble ?
Tomas Hoefding. Brièvement, parce que Jeppe et moi étions ensemble au lycée. Nous avons eu un parcours musical très différent. Je suis issu d’un groupe de rock, alors que Jeppe, lui, a fait du jazz. Jeppe jouait de la guitare, il donnait des cours de musique. Une semaine avant que nous décidions de lancer le groupe Whomadewho, Jeppe et moi jouions ensemble à un mariage et ça s’est bien passé. On n’avait pas encore écrit de chanson, donc chaque morceau consistait en 15 minutes d’improvisation, chacun redécouvrant son instrument, euphorique. C’était la première fois que Jeppe et moi montions ensemble sur scène, on se connaissant d’avant mais n’avions jamais eu l’occasion de travailler en tant que duo. Une semaine après, on a décidé de se lancer dans l’aventure musicale, avec Thomas (Barford), le batteur.
ATD. Qui, de vous trois, dirige WhoMadeWho ?
Tomas Hoefding. C’est une question intéressante, nous travaillons en suivant une ligne hiérarchique horizontale et démocratique.
Tomas Barfod. La majorité est le véritable leader parmi nous.
Jeppe Kjellberg. Mais pour être honnête, Thomas et moi menons les rênes et l’autre Thomas, le batteur suit le traîneau en route. (rires)
Tomas Hoefding. Non, en fait, c’est le producteur le véritable chef du trio.
ATD. De quelle manière travaillez-vous, ensemble, de manière séparée ?
Jeppe Kjellberg. On écrit tous ensemble les paroles des chansons puis des amis à nous, des poètes, écrivains de chansons, nous aident à peaufiner nos textes.
ATD. Si vous deviez décrire votre musique à l’aide d’un seul adjectif, lequel choisiriez-vous ?
Tomas Barfod. Juste un ?
Tomas Hoefding. Chaud ! Chaleureux ! Notre musique procure de la chaleur au public !
ATD. Dites-nous en davantage sur votre album « Dreams », en quoi se démarque-t-il du précédent?
Jeppe Kjellberg. L’un d’entre-vous peut-il répondre à cette question ? (rires)
Tomas Hoefding. Moi ! D’un côté, c’est un album très chaleureux, très aérien, le son donne la sensation de flotter dans les airs car il est léger… Cet album redonne du souffle à notre parcours musical.
Tomas Barfod. En fait je peux te dire la raison pour laquelle on a appelé notre album « Dreams ». On avait beaucoup de titres en tête, et puis, parfois, quand on est trois à devoir se décider, ça peut très vite devenir compliqué de faire un choix de titre. J’étais à Los Angeles et on se disputait par mails interposés jusqu’à ce que notre manager nous appelle et nous dise « L’album va s’appeler Dreams ! ». On s’est dit « d’accord ! ». (rires)
Jeppe Kjellberg. On a un peu forcé le processus démocratique ! On n’a jamais réellement discuté sur le nom de l’album en lui-même, on s’est contenté d’acquiescer, par commodité.
Tomas Barfod. Ce que je vais dire est une information exclusive, on ne va le dire à aucun autre journaliste, mais l’un de nos fans nous a écrit pour nous dire que l’une de nos chansons lui a fait réellement chaud au cœur, et pour nous cela signifie beaucoup. Donner du rêve aux gens, leur procurer ne serait-ce qu’un peu de joie, d’inspiration, c’est tout ce à quoi un groupe peut espérer. Cet album porte le titre de la réalité du groupe : on vit vraiment un rêve !
Jeppe Kjellberg. Ça, c’est marrant ! C’est marrant, c’est la nouvelle version de l’histoire, c’est la version officielle, adjugé !
ATD : Vous êtes actuellement en tournée européenne, pourquoi vous cantonner à ce continent ?
Tomas Barfod : On a déjà joué aux Etats-Unis, en Australie, en Amérique latine, en Asie (Russie) … Mais lors des tournées mondiales, il faut puiser davantage d’énergie, et au bout d’un moment, il faut faire un choix. Soit on se donne à fond, soit on se donne à fond mais le résultat n’est pas celui escompté. Quand on se produit partout dans le monde, on doit passer de nombreux mois dans les airs, sur les routes, ça aussi, ça fatigue et… ça use le portefeuille ! Du coup c’est plus pratique pour nous de nous concentrer sur l’Europe, continent duquel on vient. On peut facilement aller en France, en Allemagne, puis retourner aux studios à Copenhague.
Tomas Hoefding: Nos lieux de tournée sont un peu hasardeux, en fonction de notre humeur…
ATD : Ressentez-vous une différence d’écoute de la part du public ? Les danois sont-ils plus réceptifs à votre musique ?
Tomas Hoefding: Plus maintenant, au départ, oui. Maintenant, de moins en moins. Les gens qui viennent nous voir en concert nous connaissent, connaissent nos chansons, par cœur parfois, et nous accompagnent tout au long du show. Ce qui est marrant, c’est que plus on a de succès, moins on ressent de différence de perception de la part du public.
Tomas Barfod. Je pense que ça a aussi à voir avec l’internet. Depuis que les réseaux sociaux sont en vogue, on a beaucoup plus de notoriété, les titres circulent plus rapidement… Avant, quand on allait dans le sud de l’Europe, on avait à faire avec des gens qui bougeait plus, qui dansaient plus qu’au nord ; au Danemark par exemple tout le monde avait été élevé avec du rock ou pop rock. Maintenant, la musique électro et dance se diffuse tellement que la majorité des gens savent à quoi s’attendre avec notre son.
ATD. Si vous deviez donner la définition d’une bonne chanson ?
Tomas Hoefding. Une chanson qui fait rêver. Une chanson qui fait voyager. Une chanson qui touche les gens du fond du cœur.
Tomas Barfod. Si on me demandait de choisir la chanson que je préfère, parmi les titres de notre album à venir, ce serait justement « Dreams », s’appelant comme notre album.
Jeppe Kjellberg. Une chanson qui vous prend par surprise, un air auquel on ne s’attend pas, pas de ceux qui restent ancrés dans votre tête toute la journée et qui n’en sortent plus !
ATD. Qu’est-ce que vous écoutez comme musique en dehors de la scène ?
Jeppe Kjellberg. J’apprécie énormément le silence.
Tomas Hoefding. Ça énerve mes proches, mais j’ai une dizaine d’albums que j’écoute non stop durant toute l’année. Parmi mes artistes fétiches… je pourrais citer Bruce Springsteen, mais il y en a vraiment beaucoup !
Tomas Barfod. Le silence, oui ! Après être resté enfermé pendant des heures dans notre studio à Copenhague et répéter sans cesse nos propres morceaux, il arrive un moment où l’on a juste envie de décrocher et de laisser nos oreilles tranquilles…
ATD. Certains vous comparent aux Pet Shop Boys, ça vous énerve d’être identifiés à des artistes ?
Tomas Barfod. Oh, pas du tout ! Qui est-ce qui nous a comparé aux Pet Shop Boys ? On nous a déjà dit que l’un de nos titres avait une certaine ressemblance ceux de Depeche Mode.
Jeppe Kjellberg : Pas le moins du monde, on est ravis. Du moment que c’est positif !
ATD : Le concert qui vous a le plus marqué ?
Tomas Hoefding. (rires) C’était il y a quelques semaines, à Paris. On était tous tellement bourrés que la grosse caisse est tombée; je ne saurais l’expliquer…
Jeppe Kjellberg. C’était juste dingue !
Tomas Hoefding. J’ai fini par tomber au milieu de la foule, un concert vraiment mémorable.
Tomas Barfod. On a bien sûr continué à jouer comme si de rien n’était (rires) Aaaaah… Paris… « we love Paris ».
ATD. Vous rappelez-vous de la dernière fois où vous avez dormi 10 heures ?
Jeppe Kjellberg. On ne dort jamais 10 heures ! 5 heures me suffisent. Non ! 6 heures, c’est parfait !
Tomas Hoefding. On travaille beaucoup, ça fait des années que je n’ai pas dormi autant ! 10 ans peut-être ? Non non, des nuits de 6 heures sont amplement suffisantes.
ATD. C’est malheureusement l’heure de mettre fin à cette rencontre… Vous allez faire quoi cet après-midi à Berlin ? Visiter ? vous reposer ?
Tomas Hoefding. On va répéter, répéter, répéter jusqu’à ce soir… On prépare un véritable cocktail de chansons aussi douces que rythmées. On a reprendre des titres des anciens albums et présenter de nouvelles chansons. J’ai hâte de voir la réaction du public. Mais là, c’est l’heure de déjeuner, on a faim !
ATD. Bon appétit ! À ce soir !