Ryan Murphy et Brad Falchuck continuent d’explorer les mythes de l’horreur américaine et s’intéressent cette fois au sorcières avec la 3e saison d‘American Horror Story : Coven. Mais très vite, le récit se délite et ne passionne plus.
En s’attaquant à la maison hantées et aux serial killer d’Hollywood dans une première saison et à la religion et à la science dans un asile de fous dans la seconde, Ryan Murphy et Brad Falchuck nous ont offert de très bons moments d’horreur télévisuelle, emmenant leur récit dans des endroits inattendus tout en dénonçant encore toujours l’establishment du bon goût américain. Avec cette 3e saison intitulée Coven, ils vont faire place à de nouvelles thématiques toutes aussi intéressantes mais mises en place de manière alors fois plus conventionnelles et moins passionnantes.Cette fois, c’est donc à la légende des sorcières qu’ils s’attaquent en prenant le cadre de la Nouvelle-Orléans. Là se trouve un couvent dans lequel les jeunes sorcières peuvent trouver un refuge contre la persécution d’un groupe d’homme qui date du massacre de Salem. Dans le même temps, la plus puissante d’entre elles revient dans ce refuge dirigé par sa fille pour trouver la prochaine « Suprême» … ou conforter sa place et garder sa jeunesse éternelle ?
Le début de saison lance d’emblée des pistes très intéressantes à travers a dualité mise en place avec quelques flashback entre 2 sorcières, l’une femme noble et détestable incarnée par Katy Bates, l’autre, sorcière vaudou campée par Angela Bassett. Alors on sent tout de suite que la piste du racisme et de la condition de la population afro-américaine sera explorée en profondeur, même quand les personnages se retrouveront de nos jours. Cette thématique du racisme qui n’était pas explorée dans les 2 premières saisons est, comme d’habitude avec les deux scénaristes, traitée avec lourdeur mais non sans intérêt, d’autant plus quand c’est la jeune Queenie qui doit lutter et éduquer cette Madame Lalaurie revenue d’entre les morts et réduite au statut de femme de chambre.
Il y a donc un message de tolérance mais aussi un message de lutte contre l’oppression, et en particulier un combat pour la libération de la femme face aux hommes qui sont ici tous réduits en esclavage, domestiques revanchards, fantômes dociles ou ennemis à abattre.
Si les thématiques développées cette saison sont toutes intéressantes et traitées avec un bon coup de poing, les 13 épisodes de Coven sont part contre beaucoup moins travaillés dans la structure du récit et la conception des personnages. En effet, si l’on voit rapidement où l’on veut en venir, l’intrigue pêche vite par manque d’intérêt. D’autant plus que les personnages ne font que mourir puis ressusciter à tour de bras, si bien qu’il n’y a plus aucun choc à chaque mort ni aucune surprise à chaque retour, diminuant alors considérablement l’intérêt de la série.
D’autant plus que bon nombre de personnages sont assez irritants, tous se croyant au dessus du lot, tous en pleine crise d’adolescence hystérique, de la pimbêche Emma Roberts à la transparente Taissa Farmiga (dont l’histoire romanesque avec le cadavre d’Evan Peters est simplement ridicule). Même la formidable Jessica Lange semble ici devoir en faire des tonnes pour montrer toute la force de son personnage, si bien que, plus discrète, seule Sarah Paulson sort du lot et attire notre sympathie.
Pataude et avançant jusqu’à un final sans grande surprise, se reposant sur ses lauriers et oubliant au passage de clôturer toutes les petites histoires annexes, cette 3e saison d’American Horror Story est donc une déception et un agacement que l’on espère ne pas revoir dans le prochain volume.