Focus
Publié le 11 février 2014 | par pixfan
Poursuite de notre série consacrée au portrait. David Ken raconte les coulisses du portrait de Clotilde Courau pour VSD.
Qui ? : Clotilde Courau
Où ? : Malakoff (Studios de l’Olivier)
Quand ? : 1992
Pourquoi ? : VSD
Comment ? : Nue sur fond blanc
À Son Altesse Royale, princesse de Savoie, de Venise et de Piémont …
Clotilde,
J’ai souvenir de vous (et vous, vous en souvenez-vous ?) comme d’une gosse de Paris, libre, gaie, jolie, au rire éclatant dans lequel je fus pris. J’ai pensé Piaf, Arletty, de grandes dames enfants qui d’avoir tant souri savaient aussi pleurer sans rendre gris le Monde. Je vous ai proposé de poser nue, de but en blanc, spontanément, sans rien montrer, sans rien donner à voir que vous n’auriez souhaité. Ah…vous convaincre une seule fois d’oser transcender votre sage beauté, sans prétention, sans vanité, sans fard. Je comptais bien sur vous pour m’aider à vaincre ce fonds blanc, dur, un peu voyeur, l’apprivoiser, en faire votre partenaire de jeu. Le blanc c’est rassurant pour peu qu’on le colore ; le nu c’est un don rare que la pudeur honore. C’est le regard de l’autre qui peut se faire insulte, votre regard à vous était franc et sincère. Votre rire superbe sonnait sans équivoque. Vous savez quoi Votre Altesse ? Vous avez inventé l’éclat de rire nu et chic. Arletty aurait gouaillé « C’est partager le rire que d’s’aimer ». Et Piaf aurait chanté « Il m’a vue nue, tellement nue, plus que nue ». Votre rire nu et chic, Altesse, votre rire « plus que nu » je l’ai conservé là. C’est ma seule mémoire de vous. Je ne vous ai jamais revue, mais vous prie de croire, Clotilde, Mon Altesse Royale, en l’assurance de mon meilleur souvenir.
Votre David Ken
Extrait du livre « Traits pour traits » en préparation avec Nicolas Gouzy
Lien : www.davidken.com