L'association Des Femmes en Fil

L’association nantaise Des Femmes en Fil gère un atelier de couture formant et employant des femmes en difficulté, dans une perspective d’insertion sociale et  professionnelle. Le 18 décembre 2013, lors du concours « S’engager pour les quartiers », organisé par FACE (Fondation Agir Contre l’Exclusion) et l’ANRU (Agence Nationale pour la Rénovation Urbaine), Farida et Yasmina Abid, les fondatrices du projet, ont reçu le prix de l’insertion professionnelle, parrainé par notre fondation Terre Plurielle. Pour Défis et Construction, Yasmina Abid, administratrice de l’association, revient sur cette aventure hors du commun.

Quelle est la philosophie de votre association ?

A l’origine des Femmes en Fil, il y a une histoire de famille.  Ma sœur, Farida, a lancé son atelier de couture en 2005, au cœur du quartier populaire de Bellevue, à Nantes. Très vite, la question de la fabrication s’est posée, et nous avons recruté une couturière pour que Farida se consacre à la création. Au vu de l’intérêt suscité par notre offre, nous avons décidé de tisser une passerelle entre les jeunes créateurs et les femmes formées à la couture. Nous avons créé en 2009 l’association Des Femmes en Fil pour favoriser l’insertion sociale et professionnelle des femmes par la couture. Nous y déployons deux dispositifs : l’Atelier Textile Ethik et Solidaire (ATES) et Créafil, des cours d’initiation et de perfectionnement à la couture pour les femmes des quartiers de l’agglomération. Nous sous-traitons notamment la fabrication de notre marque « Les Petites Mains » à l’ATES.

A quels publics s’adresse votre action et quel est votre impact sur votre quartier ?

On retrouve deux profils de femmes dans l’association : les jeunes entre 20 et 25 ans issues des écoles professionnelles et sans emploi ; et les femmes de 40 à 55 ans, qui ont travaillé dans l’industrie dans leurs pays d’origine mais ne peuvent accéder à l’emploi en France, à cause d’un problème de langue et de difficultés personnelles. Elles sont embauchées en contrats aidés et nous leur proposons un programme d’accompagnement social et professionnel de 6 à 24 mois pour leur permettre de retrouver confiance en elles. Notre dispositif comprend un mois d’immersion dans l’atelier, suivi d’un entretien pour décider de leur parcours vers le retour à l’emploi. D’autres entretiens ont lieu tous les deux ou trois mois afin de définir leur projet professionnel, l’objectif étant qu’elles soient embauchées à l’issue de leur contrat. Nous nous appuyons aussi sur les acteurs publics locaux : Pôle Emploi, le Conseil Général, les assistantes sociales…  En plus du volet Insertion, l’association est un modèle au sein de son quartier, elle bénéficie du soutien de la population locale qui se sent partie prenante de notre projet. Depuis notre installation, les incivilités ont diminué, il y a moins de ségrégation et davantage d’harmonie.

Yasmina Abid (à gauche) et sa sœur Farida entourent Quentin d’Epenoux, délégué général de la Fondation Terre Plurielle. Crédit photo : Bruno Démelin/Graphix-Images

Qu’attendez-vous de la collaboration avec Terre Plurielle et du prix remporté au concours « S’engager pour les quartiers » ?

Nous étions à la recherche d’un concours national important et « S’engager pour les quartiers » correspondait tout à fait à notre identité. Le prix « Insertion professionnelle », parrainé par Terre Plurielle, nous permettra d’acquérir une reconnaissance nationale et de confirmer notre demande de conventionnement d’«association chantier d’insertion – ACI». Nous voulons embaucher plus de femmes, développer d’autres services, professionnaliser notre dispositif d’accompagnement. Nous souhaitons profiter de la légitimité que nous confère ce prix pour tisser des partenariats avec des industriels pour qu’ils accueillent en stages nos salariées. Notre ambition est d’être un exemple pour les femmes qui entreprennent dans les quartiers et d’essaimer dans d’autres villes en France. Nous avons la volonté d’impliquer tous nos partenaires dans cette voie.

Propos recueillis par Jessica Swiderski

Pour contacter Des Femmes en Fil : 09 50 03 75 05