Par le Parisien libéral.
Le président Hollande est allé se faire applaudir en Tunisie en fin de semaine dernière. Ça doit lui faire du bien, par ces temps de sondages en berne (officiellement moins de 20% de satisfaits).
Mais après tout, cela n’est pas si fréquent qu’un pays s’engage sur le chemin de la démocratie, au moins par le biais de l’adoption d’une constitution.
En revanche, puisque le Président Hollande est allé parler de démocratie en Tunisie, pourquoi n’évoque t-il pas son état ici, chez nous, en France ? Comment François Hollande peut-il accepter les accrocs plus ou moins violents aux principes constitutionnels français commis par le gouvernement, pour ne pas parler du foulage au pied des valeurs de ce pays ?
Il se trouve que pendant que le Président Hollande fait la promotion de la démocratie, par les mots en Tunisie (ou par les armes au Mali ou en Centrafrique…), Manuel Valls, pour ne citer que le ministre de l’intérieur :
- fait interdire un comique, ce qui choque des politiciens de gauche constructiviste, des juristes de droite, des personnalités de l’extrême droite ou des blogueurs,
- bafoue la séparation du pouvoir entre exécutif et législatif et la répartition des rôles au sein du gouvernement, en annonçant à la place des députés socialistes ou d’Ayrault le fait que telle ou telle mesure ne serait pas discutée,
- est à la tête d’une administration qui fait de la France le principal pays au monde pour l’effacement des tweets,
- minimise les bavures policières face à une militante associative,
- insulte un parlementaire après avoir outrageusement jeté l’opprobre sur des manifestants pacifiques,
- demande à avoir accès aux sources d’un journaliste.
Soyons clair. Même si Manuel Valls est, de son propre aveu, avant tout un ami de la République et non pas de la démocratie et des libertés, ce n’est pas le maire d’Évry qui est en cause, mais bien un système dans lequel il n’est qu’un exemple caricatural.
En effet, quand le PS était dans l’opposition, le parti de Valls et Hollande avaient demandé à Sarkozy et Fillon de ne pas étendre le secret défense. Le PS est-il revenu sur cette loi depuis ? Non.
Ou encore, quand de nombreux Français ont protesté contre Hortefeux et Besson qui leur demandaient de prouver leur nationalité française, le PS a t-il changé cette situation depuis ? Manifestement, si on en croit France 3 Haute Normandie qui relate l’affaire de ce nouveau sans papiers, Sikhou Camara, les choses n’ont pas complètement changé.
Qui est responsable de ce maintien des contrôles policiers au faciès, des difficultés de renouvellement de papiers d’identité, mais aussi de cette dérive sur la séparation des pouvoirs, dont l’article 20 de la Loi de Programmation Militaire constitue un point d’orgue ?
Cette alliance entre des fonctionnaires tenants du conservatisme administratif, le PS cynique qui déroule le business plan rédigé à La Rochelle et le défaitisme des Français sur le combat pour les libertés, ce ne sont pas les idées et propos de Manuel Valls qui y changeront grand chose. Si au moins les gens de « droite » qui apprécient tant Manuel Valls pouvait comprendre cela… en tout cas, on ne pourra pas dire qu’on ne savait pas.
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