« La Côte d’Azur n’est ni le Japon, ni la Californie, ni la Turquie, ni
l’Algérie, ni l’Indonésie, la menace n’y est pas aussi forte, loin de
là. Cependant, elle existe. Nice et la Côte d’Azur font partie des zones
reconnues comme les plus sismiques de l’Hexagone, et aucun sismologue
ne pourrait se déclarer étonné si un séisme d’une magnitude voisine de 6
survenait demain dans les Alpes-Maritimes », souligne l’étude baptisée
GEM-GEP et établie par des experts des Ponts et Chaussées et du Centre
d’études techniques de l’équipement de Nice, entre autres.
En recoupant de multiples données, ils en ont conclu que ce
tremblement de terre pourrait provoquer la mort de 100 à 600 personnes
(et près de 1500 blessés), entraîner de gros dommages sur plusieurs
dizaines d’immeubles, voire l’effondrement de certains d’entre eux. 10
000 à 40 000 Niçois se retrouveraient sans abris.
Mais tous les
quartiers ne subiraient pas les mêmes dégâts. Le taux de destruction du
bâti laisse apparaître de fortes inégalités, selon que les immeubles ont
été édifiés sur du rocher ou des alluvions. L’accélération de la
secousse, en effet, est plus forte sur les terrains sableux et
alluvionnaires.
Le Vieux-Nice
C’est le secteur
le plus vulnérable. C’est là que les effets seraient les plus
dévastateurs. Principalement en raison de l’ancienneté et de la vétusté
des bâtiments. On se souvient du séisme qui avait frappé la région des
Abruzzes, en Italie, en 2009. Les maisons les plus anciennes avaient été
les premières à être touchées, notamment à l’Aquila.
Le centre-ville
Il
s’est construit sur les alluvions du Paillon : des sédiments meubles
remontant à un million d’années et pouvant atteindre localement jusqu’à
60 m d’épaisseur. Ces alluvions aggravent le risque : « Les ondes
sismiques se retrouvent piégées dans ces alluvions. Au lieu de se
dissiper progressivement, les ondes s’additionnent. Ce qui entraîne une
amplification en surface », explique Etienne Bertrand, sismologue au
Centre d’études techniques de l’équipement de Nice.
Autre
particularité : sur ces terrains alluvionnaires, les bâtiments les plus
exposés sont ceux de plus de 20 étages. Pourquoi? « A cause du système
de résonance des ondes de basse fréquence. Les immeubles très élevés
sont sensibles à ces dernières. » Ce type de construction est inexistant
dans le centre-ville. Mais avis aux promoteurs qui souhaiteraient se
lancer dans l’aventure. Ils devront redoubler de vigilance et appliquer
strictement les normes parasismiques.
Les collines
C’est
là que les dégâts devraient être les plus minimes. Un taux de
destruction de seulement 0,15 % à Fabron-La Lanterne, par exemple,
contre un taux de 3,90 % dans le centre-ville et de 8 à12 % dans le
Vieux-Nice. Pourquoi? « Les collines sont bâties sur du rocher, du dur.
Le phénomène d’amplification des ondes est donc moindre. » Le risque
est-il le même sur toutes les collines niçoises? «S’il y a des
différences, elles sont minimes.»