Marie-Claudine, d'origine haïtienne mais montréalaise dans son cœur, quitte sa ville, ses proches et son travail qu'elle aime, pour suivre son compagnon Arnaud en Guadeloupe, qui a obtenu un bon poste dans l'entreprise familiale. Elle y découvre une toute autre vie à laquelle elle va devoir s'habituer et rencontre la famille d'Arnaud, qui ne l'accepte pas vraiment. Pire, elle attend en vain un permis de travail et se retrouve totalement désœuvrée alors qu'Arnaud semble prendre ses distances avec elle...
Proche d'un journal intime, ce court roman tourne autour de Marie-Claudine, ses pensées, ses souvenirs. Elle regrette Montréal et sa vie d'avant, et régulièrement nous emporte avec elle au Québec. Il faut dire qu'elle se sent bien seule, son compagnon Arnaud est pris par son travail alors qu'elle ne parvient pas à en trouver un, elle n'a pour seule compagnie que son chat, dans une ville dont elle ne connaît rien ni personne. C'est donc pour elle un véritable choc culturel, et Edith Serotte évoque ce mélange de cultures par des expressions québécoises et du créole guadeloupéen qui parsèment le roman.
J'ai bien aimé suivre les déambulations de Marie-Claudine dans Pointe-à-Pitre et à Montréal. Ce personnage m'a intéressée, elle est volontaire, un peu perdue, amoureuse et déterminée, mais je regrette que l'intrigue ne soit pas plus développée, mieux menée et moins centrée autour de Marie-Claudine.
Extrait : Moi, je vois la mer au bout de ma rue. Cette déclaration fait systématiquement rire Arnaud. Mais, la mer est belle et bien là, obsédante et entêtante comme un parfum capiteux. Elle est là immobile, insaisissable par-dessus les toits ornés d'antennes satellites des maisons blanches. Je la devine encore plus aux mâts des navires de croisière qui redessinent mon horizon. Des navires gigantesques qui accostent le ventre lourd, chargé de victuailles, de souvenirs et de fantasmes.
Lu dans le cadre du Prix Océans.