Si vous êtes tabacologue, chiant, donneur de leçons ou réac (voire tout en même temps), ne lisez pas ceci.
J'ai eu la
Phase 1 : le début.
On est le 3 janvier, le réveillon commence à être digéré et tout le monde vapote autour de moi. Achat impulsif d'une cigarette électronique. Jolie, design et pas mauvaise, je m'y fais et passe les 24 premières heures de ma vie de fumeuse sans tabac. Immédiatement, la fierté s'installe. L'application StopTabac, que l'on me recommande, est formidable d'accompagnement. Je l'ouvre régulièrement pour voir combien d'argent je suis en train de ne pas dépenser, combien de cigarettes je suis en train de ne pas fumer, combien de jours je suis en train de ne pas perdre, combien de temps il me reste avant de pouvoir me payer des vacances, ou encore pour aller chercher des conseils, via le bouton "J'ai envie" ou "Ça ne va pas". Comme une vraie thérapie digitale, cet outil a l'apparence de sauveur, je m'y cramponne, lis à voix haute les raisons d'arrêter de fumer à ma coloc culpabilisée, me rassure et continue à vapoter. Bien sûr, comme le café sans clope n'a pas la même saveur, je décide d'arrêter aussi et me mets au thé. Les joints, j'avais déjà arrêté il y a un mois et le manque était compensé par un regain de libido (voilà le secret pour bien s'endormir après l'arrêt du joint !).
Bref, au bout d'une semaine, je suis quelqu'un d'autre et je bois même du citron dans de l'eau chaude le matin pour me purifier (j'ai dû voir ça sur Facebook). Le dépassement de soi, la reconnaissance, l'admiration des autres, la fierté sont autant de points clés qui vont font tenir au début. Je ne m'en croyais pas capable et contre toute attente, moi, la première à dire des conneries sur la jeunesse que l'on doit consommer comme bon nous semble, j'avais arrêté plein de trucs mauvais pour la santé. Je sortais beaucoup moins aussi car les rassemblements sociaux sont des pièges pour celui-qui-arrête. Et puis boire un verre de vin sans clope, c'est vraiment frustrant.
Phase 2 : les premiers craquages.
10 jours ont passé depuis l'arrêt de la clope et de tous les excitants qui m'ont animée pendant presque 10 ans. Ce jour-là, c'est mon anniversaire. Je ne veux pas me mettre la pression et préviens mon cerveau que je vais déraper. Ma clopinette m'aura quand même exclusivement servie jusqu'à 6h du matin. Un vrai exploit. Passée cette heure-là, l'envie d'une clope est trop forte, même plus qu'une envie, c'est une nécessité, une évidence et qu'est ce qu'elles sont bonnes, toutes enchaînées comme ça, avachie sur un canapé, discutant, dansant par intermittences, riant d'insouciance et de bonheur. En plus, je n'ai plus de batterie sur ma fausse clope. Le lendemain (ou sur lendemain), je n'ai toujours pas rechargé ma clope et je finis le paquet que j'avais acheté. Je m'en veux mais je sais que je vais revenir dans le droit chemin.
Phase 3 : les protestations du corps.
Après ce week-end, je tombe malade, un genre de sinusite de l'hiver, rien de plus classique. Sauf que ça dure 7 jours à temps plein et 15 où la saloperie est tapie dans l'ombre. J'ai bien opéré le virage post-dérapage, j'ouvre l'application toutes les heures, je vapote à m'en écoeurer et je suis d'autant plus fière. De toutes façons, avec la maladie, je ne peux pas fumer (enfin, mon moi d'avant aurait quand même fumé mais bon). À cette sympathique merde de sinusite s'ajoutent insomnies chroniques et eczéma prolifique. Je suis tendue et tourmentée, rien ne m'anime et tout me stresse. D'autres petites contrariétés viennent ponctuer le malaise comme un verre qui me scinde la main en deux, un esclator qui ouvre mon genou ou mes chats qui deviennent hystériques. Aucun rapport me direz-vous. Sauf que moi je prends tout en compte ! C'est un signe.
Phase 4 : la lutte.
Je n'ai toujours pas re fumé malgré ma vie de merde, le week-end dérapage est loin maintenant et je suis donc certaine que mon mal-être n'y était pas lié car il continue à sévir. Je m'aperçois à ce moment que je suis complètement constipée et que mes rêves sont des cauchemars. Rien ne va plus ! L'application me saoule, j'ai fais le tour de tous les conseils, je la trouve mièvre et fausse. L'une des batteries de ma e-clope est morte, c'est pas très pratique. Peu importe, je continue, le moral gris et la tête dans le guidon.
Phase 5 : le relâchement.
C'est ma mère qui me fait remarquer que ma dépression est complètement justifiée puisque j'ai supprimé tous les excitants de ma vie. Je le savais qu'il y aurait des effets secondaires mais franchement, c'est injuste. Tu te dis que tu fais ça pour une vie meilleure, pour ton corps et voilà comme il te le rend ! Très très mal. Attendre. Mais encore combien de temps ? 3 mois ? 6 mois ? Non désolée mais j'en ai marre. Ce soir je sors et je me la colle. Je sors mes roulées de ma boîte secrète. Le lendemain, j'achète deux paquets d'un coup. Le lundi, je me remets au café. Je respire. J'obtiens même un CDI. Vous voyez que tout est lié ! Non plus sérieusement, je vais beaucoup mieux maintenant. Et pour bousiller le tout, j'ai rappelé mon delaer en fin de semaine. Qu'est ce que je dors mieux ! Mes chats sont peut-être toujours hystéro mais je ne les entends plus. Mes traits sont relâchés et je n'ai aucun remords. On verra plus tard.
Bon courage à ceux qui tiennent. Souffrir c'est pas trop ma came.
Sur le vélo du Happy Show (j'ai finalement la flemme d'écrire l'article mais c'était très bien).
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