C’est à la UNE, in extenso et en français. Oui, aujourd’hui et à titre exceptionnel, je laisse la place à François Hollande (Président de la République) et Barack Obama (President of United States of America), ils nous proposent une tribune commune, une sorte de carnet de route sur les travaux au cœur de leur rencontre d’État à Washington. Lisons avant de commenter.
«Il faut qu’un plus grand nombre de pays prennent leurs responsabilités»
Il y a dix ans à peine, peu nombreux étaient ceux qui pensaient que nos deux pays allaient travailler ensemble aussi étroitement dans tant de domaines. Mais notre alliance s’est transformée au cours des dernières années. Depuis le retour de la France dans la structure de commandement de l’OTAN, il y a quatre ans, nous avons développé notre coopération à tous les niveaux dans le cadre de notre engagement à renforcer constamment le partenariat entre l’OTAN et l’Union européenne. Nous sommes deux nations souveraines et indépendantes qui prenons nos décisions en nous fondant sur nos intérêts nationaux respectifs. Mais c’est précisément parce que nos intérêts et nos valeurs sont si proches que nous avons été en mesure de faire franchir un nouveau cap à notre alliance.
Enraciné dans une amitié de plus de deux siècles, notre partenariat toujours plus étroit constitue un modèle de coopération internationale. Un pays ne peut pas à lui seul venir à bout des défis transnationaux. Il faut qu’un plus grand nombre de pays prennent des initiatives et partagent le poids et le prix du leadership. Il faut qu’un plus grand nombre de pays prennent leurs responsabilités pour garantir la sécurité et la paix dans le monde et faire progresser la liberté et les droits de l’homme.
En misant sur le premier accord conclu avec l’Iran, unis avec nos partenaires du groupe 5+1 – le Royaume-Uni, l’Allemagne, la Russie et la Chine – et avec l’Union européenne, nous nous retrouverons la semaine prochaine à Vienne pour entamer des discussions en vue de parvenir à une solution globale pour empêcher l’Iran d’obtenir une arme nucléaire.
En Syrie, notre menace crédible de recourir à la force a permis d’élaborer le plan de destruction des armes chimiques syriennes et la Syrie doit désormais remplir ses obligations. Alors que la guerre civile syrienne compromet la stabilité de la région, y compris du Liban, la communauté internationale doit redoubler d’efforts pour porter assistance au peuple syrien, renforcer l’opposition modérée syrienne et œuvrer, dans le cadre du processus de Genève II, à une transition politique qui libère le peuple syrien de la dictature et du terrorisme.
De l’importance de l’Afrique…
Cependant, plus qu’ailleurs, c’est peut-être en Afrique que notre nouveau partenariat trouve son expression la plus visible. Au Mali, les forces françaises et de l’Union africaine, bénéficiant de l’aide des États-Unis en matière de logistique et de renseignement, ont fait reculer les insurgés liés à Al-Qaida, ouvrant ainsi au peuple malien la voie d’un avenir démocratique.
Dans tout le Sahel, nous nous associons avec d’autres pays pour empêcher Al-Qaida de gagner de nouvelles positions. En République centrafricaine, des soldats français et de l’Union africaine, avec l’appui des ponts aériens et le soutien des États-Unis, s’efforcent d’endiguer les violences et de créer un espace propice au dialogue, à la réconciliation et à des progrès rapides en vue d’élections de transition.
Sur tout le continent, du Sénégal à la Somalie, nous contribuons à l’entraînement et à l’équipement des forces locales pour qu’elles puissent assurer elles-mêmes la sécurité. Nous nous associons avec les gouvernements et les citoyens qui cherchent à consolider les institutions démocratiques, à renforcer l’agriculture et à lutter contre la faim, à améliorer l’accès à l’électricité et à fournir des traitements pour sauver des vies en les protégeant des maladies infectieuses. Nos deux pays ont été les premiers pilotes du Fonds mondial de lutte contre le SIDA, la tuberculose et le paludisme et sont aujourd’hui parmi ses meilleurs champions.
Échanges et partenariat…
Parallèlement au nouvel élan imprimé à notre alliance sur la scène mondiale, nous cherchons à approfondir notre relation économique. La France est déjà l’un des principaux marchés d’exportation des États-Unis et les États-Unis sont déjà le principal acheteur de biens français hors de l’Union européenne ; ces échanges représentent environ un million d’emplois dans nos deux pays.
Notre coopération scientifique et éducative offre également des perspectives très encourageantes comme en témoignent les partenariats déjà existants entre nos universités, nos grands laboratoires de recherche et nos agences spatiales. Néanmoins, en tant que sociétés valorisant l’esprit d’entreprise, les capacités d’invention et la créativité, nous devons faire davantage pour être les leaders mondiaux de l’innovation.
Le partenariat pour le commerce et l’investissement que nous cherchons à mettre en place entre l’Union européenne et les États-Unis constitue une vraie opportunité pour tirer parti des millions d’emplois que représentent déjà, de part et d’autre de l’Atlantique, les échanges entre l’UE et les États-Unis. Un tel accord créera plus d’échanges, plus d’emplois et plus de possibilités d’exportations, notamment pour les petites entreprises dans nos deux pays. Nos efforts en faveur de la croissance et de la relance de l’économie mondiale disposeraient ainsi d’une base pérenne.
« L’avenir que nous voulons doit se mériter »
Notre leadership en matière de lutte contre le changement climatique est une composante de ces efforts. Alors même que nos deux pays réduisent leurs émissions de carbone, nous pouvons développer les partenariats en matière d’énergie propre qui créent de nouveaux emplois et nous font progresser vers une croissance sobre en carbone. Nous pouvons faire davantage pour aider les pays en développement à se tourner vers des sources d’énergie sobres en carbone et à faire face à la montée du niveau des océans et à la violence des tempêtes.
Alors que nous préparons la Conférence sur le climat qui doit se tenir à Paris l’an prochain, nous continuons à appeler tous les pays à s’associer à notre recherche d’un accord mondial ambitieux et global pour la réduction des émissions de gaz à effet de serre par des mesures concrètes. Le sommet sur le climat au niveau des chefs d’État et de gouvernement, organisé en septembre prochain par le Secrétaire général des Nations Unies, nous donnera l’occasion de réaffirmer nos ambitions pour la conférence de Paris sur le climat.
Les défis de notre temps ne disparaîtront pas tout seuls et les possibilités offertes par notre monde interconnecté ne se réaliseront pas toutes seules. Comme toujours, l’avenir que nous voulons doit se mériter. Pendant plus de deux siècles, nos deux peuples ont fait front pour défendre notre liberté commune. À présent, nous assumons, une fois encore, nos responsabilités, non seulement l’un envers l’autre, mais envers un monde qui est plus sûr grâce à la pérennité de notre alliance réaffirmée aujourd’hui.
François HOLLANDE et Barack OBAMA
[blogueurs associés sur Extimités(politiques)].