Le premier loup retrouvé mort aux Pays-Bas depuis 150 ans a été la victime d’une crime contre la faune.
La louve subadulte retrouvée morte sur la route entre Luttelgeest et Marknesse dans le Noordoostpolder, le 4 Juillet 2013.Photo Janneke van der Linde.
Résumé de de l’étude “The first wolf found in the Netherlands in 150 years was the victim of a wildlife crime"
Le 4 Juillet 2013, une louve subadulte avait été trouvé morte sur la route entre Luttelgeest et Marknesse dans le Noordoostpolder, dans la partie centrale des Pays-Bas.
Comme les dernières observations de loups sauvages aux Pays-Bas datent de 1869, la découverte de cet animal a suscité beaucoup d'attention de la part des médias. Les populations de loups européens se sont développées depuis les années 1950 et les premières meutes se sont récemment établies en Allemagne. La proximité géographique de la frontière néerlandaise permet de justifier la réapparition naturelle de l'espèce aux Pays-Bas.
Les auteurs de cette étude ont étudié la taxonomie de l'animal, son origine géographique et son histoire la plus récente. Les résulats des analyses macroscopiques et biochimiques de la dépouille ont montrés qu’il s’agissait d’un animal de l’espèce Canis lupus appartenant à une population de loups d’Europe de l'Est.
Des impacts de balles et des fragments brisés trouvés dans la poitrine et le flanc de l’animal et une discordance entre l’état «post mortem» de la dépouille et l’estimation du moment de la mort «rigor mortis» ont permis de comprendre que le loup a été abattu avant d’être transporté illégallement aux Pays-Bas.
Photo: Kevin Beentjes.
Des restes de castor ont en effet été retrouvés dans l’estomac de l’animal. Les analyses de ces restes de Castor fiber ont montrés que ce dernier, qui a sans doute constitué le dernier festin du loup, ne pouvait venir que des montagnes des Carpates ou de l’Eifel. Ces zones géographiques sont les seules régions où les haplotypes et les isotopes 87Sr/86Sr retrouvés conjointement dans l’estomac du loup et dans les restes du castor cohabitent.
Or ces deux régions sont trop éloignées du lieu de la découverte du cadavre du loup pour que le castor n’aie pas été entièrement digéré. Le temps nécessaire au loup pour se déplacer d’une de ces régions à celle où il a été retrouvé est en effet bien supérieur à la durée nécessaire à la digestion complète d’un castor, estimée à 24 heures.
Nous concluons donc que le premier loup mort trouvé aux Pays-Bas depuis 150 ans n'est pas entré aux Pays-Bas par lui-même, et que malheureusement, il s’avère qu’il a été la victime d'un crime contre la faune.
Source. Traduction BdM
Les auteurs : Barbara Gravendeel*1, Arjen de Groot*2, Marja Kik*3, Kevin K. Beentjes*1, Harco Bergman*4, Romolo Caniglia*7, Herman Cremers*3, Elena Fabbri*7, Dick Groenenberg*1, Andrea Grone*3, Geert Groot Bruinderink*2, Laura Font*9, Jan Hakhof*1, Verena Harms*10, Hugh Jansman*2, Renée Janssen*9, Dennis Lammertsma*2, Ivo Laros*2, Leo Linnartz*5, Dirk van der Marel*1, Jaap L. Mulder*6, Steven van der Mije*1, Aline M. Nieman*1, Carsten Nowak*10, Ettore Randi*7,8, Meta Rijks*4, Arjen Speksnijder*1 & Hubert B. Vonhof*9
1 Naturalis Biodiversity Center, Darwinweg 2, NL-2333 CR Leiden, the Netherlands, e-mail: [email protected]
2 Alterra - Centre for Ecosystem Studies, NL-6700 AA Wageningen, the Netherlands, e-mail: [email protected]
3 Dutch Wildlife Health Centre, Faculty of Veterinary Medicine, Utrecht University, NL-3508 TD Utrecht, the Netherlands, e-mail: [email protected]
4 Staatsbosbeheer, P.O. Box 1300, NL-3907 BH Driebergen, the Netherlands
5 ARK, P.O. Box 21, NL-6997 ZG Hoog Keppel, the Netherlands
6 Bureau Mulder-natuurlijk, Berkenlaan 28, NL-3737 RN Groenekan, the Netherlands
7 Laboratory of Genetics, Italian Institute for Environmental Protection and Research (ISPRA),
I-40064 Ozzano dell’Emilia (BO), Italy
8 Aalborg University, Department 18 / Section of Environmental Engineering, Sohngårdsholmsvej 57, DK-9000 Aalborg, Denmark
9 Faculty of Earth and Life Sciences, VU University Amsterdam, NL-1081 HV Amsterdam, the Netherlands
10 Conservation Genetics Group, Senckenberg Research Institute and National History Museum Frankfurt,
Clamecystrasse 12, D-63571 Gelnhausen, Germany