Et si Matthew McConaughey avait toujours été bon ?

Publié le 10 février 2014 par Wtfru @romain_wtfru

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Depuis 2011 et l’immense The Lincoln Lawyer du très prometteur Brad Furman (non, Runner Runner n’a jamais existé), Matthew McConaughey s’est racheté une crédibilité auprès de l’intelligentsia cinéphile qui le considère enfin comme un acteur intéressant et non plus comme un bellâtre qui ne jouait que dans des comédies romantiques pour midinettes. C’est assez dommage car le Texan a quelques très bons films dans son début de carrière…

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La première apparition au cinéma de Matthew McConaughey, déjà aperçu dans un bon nombre de publicités, date de 1993, dans une comédie romantique horrifique et très noire de Bob Balaban, My Boyfriend’s Back. Mais son premier rôle qui compte date de la même année, dans le film culte de Richard Linklater, Dazed and Confused. Considéré comme un des plus grands teen movies, le film, clairement surcoté, lance McConaughey à 30 ans dans un rôle de David Wooderson, un vieux beau, trentenaire dragueur de lycéenne et pilier de bar dont la performance tape dans l’œil de Marjorie Baumgarten, journaliste au Austin Chronicle, malgré son faible temps d’écran. Le personnage, réellement drôle est une des vraies satisfactions du film. Il y joue avec Renée Zellweger qu’il retrouve l’année suivant dans l’inénarrable Texas Chainsaw Massacre : The Next Generation de Kim Henkel, scénariste du premier film, qui tente de faire un remake comique de celui-ci. Le film est une catastrophe sans nom, avec un McConaughey insupportable en cannibale excité.

McConaughey devient une star en 1996, sous la caméra de Joel Schumacher dans le très sympathique Le Droit de Tuer ? avec Sandra Bullock et Samuel L. Jackson. Il y joue un jeune avocat qui doit sauver un père Noir qui a tué les deux violeurs de sa fille, dans le sud des USA et y gagne le MTV Movie Award for Best Breakthrough Performance, tout en étant nominé à l’award de l’acteur le plus prometteur par la Chicago Film Critics Association. Il enchaîne avec un western, Lone Star, une comédie abrutie avec Bill Murray, Un Elephant sur les Bras. Son année 1997 est bien plus belle, avec deux gros rôles dans des films à succès : Contact de Robert Zemeckis et Amistad de Steven Spielberg. En 1999, il obtient le premier rôle d’En Direct sur EdTV, une comédie un peu bancale sur un quidam dont la vie devient une TV-Réalité. C’est sa première collaboration avec Woody Harrelson qui y joue son frère ainé. Si le film a souvent été comparé à tort à The Truman Show sorti un an auparavant, il en reste une œuvre un peu loupée qui passe totalement au travers de ce qu’elle veut dénoncer et qui se trouve être particulièrement mal écrite.

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Harrelson & McConaughey part. one, avant.

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C’est donc dans les années 2000’s que Matthew s’est construit une image de bellâtre, à cause de films comme Un Mariage trop Parfait (2001), Comment se faire larguer en 10 leçons (2003), Playboy à saisir (2006), L’Amour de l’Or (2008) et Hanté par ses ex (2009). Ces 5 films (sur une carrière pléthorique, pourtant), plus ou moins bons, ont donc poussé certains influents du monde du Cinéma à cataloguer le Texan comme un acteur de Chick Flicks. Bien évidemment, c’est totalement faux, sinon cet article n’aurait pas raison d’être.

En effet, en 2000, U-571, un classique du film de guerre de Jonathan Mostow sort, écrit par l’immense David Ayer. McConaughey y joue un lieutenant qui doit sauver son équipage, coincé dans un sous-marin de Nazis afin de voler une Enigma. Il casse ensuite son image en 2002 en apparaissant crâne rasé, barbe rousse et tatouages de partout dans l’inacceptable Règne du Feu, aux côtés d’un Christian Bale qui a dû lui passer des conseils pour perdre et gagner du poids de manière exponentielle pour certains rôles. La même année, il joue dans l’excellent Frailty de Bill Paxton, un thriller très noir qui raconte l’histoire d’une famille monoparentale de fermiers dont le père, catholique illuminé, entraîne ses deux fils dans une série de meurtres religieux. McConaughey y joue un rôle qui représente la suite de sa carrière : il y est émacié, laisse traîner son accent si distinctif à chaque fin de phrase et livre une prestation extrêmement flippante.

Il récupère sa belle gueule en 2005 pour l’anecdotique Two for the Money qui lui permet surtout d’ajouter Al Pacino dans la liste des acteurs avec qui il a partagé l’affiche avant de jouer dans le sympathique mais très vain Sahara, adaptation par Breck Eisner des aventures de Dirk Pitt, le légendaire héros des livres de Clive Cussler. Le film enregistre une perte énorme, est renié par l’écrivain et McConaughey est donc obligé de faire ce qui marche le mieux pour reconquérir les studios : deux romcoms. Ce qui ne l’empêche pas de jouer le premier rôle de We Are Marshall, de McG, un de ces nombreux films de sport où un coach doit faire face à une adversité terrible. Ici, c’est un crash aérien qui tue 75 joueurs et entraîneurs de l’université de Marshall, une histoire vraie datant de 1970. En 2008, Matthew McConaughey remplace au pied levé Owen Wilson, hospitalisé après une tentative de suicide, pour Tonnerre sous les Tropiques. Sa prestation en agent halluciné de Ben Stiller est un des nombreux points positifs du film, classique instantané de la comédie américaine. La même année, on le retrouve dans le méconnu Surfer, Dude où il joue ENFIN un surfeur (le mec a la tronche de l’emploi et n’a joué un surfeur qu’une fois au cinéma) qui part dans une quête de recherche de soi quand les vagues viennent à manquer. C’est sa deuxième collaboration avec Woody Harrelson.

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Acteur caméléon par excellence, c’est à partir des années 2010’s donc, qu’on se décide enfin à lui donner cette qualification, en oubliant entièrement et injustement le reste de sa carrière. Comme dit auparavant, il joue le rôle-titre dans The Lincoln Lawyer en 2011, adaptation du bouquin de Michael Connelly et enchaîne avec la comédie très noire Bernie de Richard Linklater où il y joue un procureur général. Pour éviter de s’enfermer dans les rôles de défenseur de la loi, il joue en 2012 un shérif totalement corrompu et sacrément taré dans le très bon Killer Joe, du non moins taré William Friedkin. Ce film marque clairement le début de son adulation par les critiques. Surtout qu’il enchaîne avec le second film de Jeff Nichols, Mud, dans lequel il joue une sorte de vagabond un peu inquiétant, le type de rôle pour lequel McConaughey excelle. Il se trouve aussi dans The Paperboy, couvert de sifflets à Cannes où il joue un journaliste qui tente de réhabiliter un homme dans le couloir de la mort (qui a dit Le Droit de Tuer ?).
Il finit 2012 avec l’excellent Magic Mike de Steven Soderbergh, où on le retrouve en vieux strip-teaser, dont la performance, aussi courte qu’iconique, est encore une fois saluée, à juste titre par la critique. Ce rôle ressemble énormément à celui qu’il tient dans Le Loup de Wall Street, fin 2013. Il a beau y apparaître 10 minutes, sa prestation en requin de la finance qui initie Jordan Belfort à la magouille est un des highlights d’un film qui n’en manque pas. Beatrice Straight a gagné un Oscar pour Network avec une performance de seulement 5 minutes. Matthew McConaughey aurait pu gagner un Oscar avec cette performance-là. A la place, il est nominé pour Dallas Buyers Club, un bon film de Jean-Marc Vallée sur un redneck homophobe alcoolique et cocaïné qui apprend qu’il est séropositif et sur sa lutte contre l’industrie pharmaceutique. Aussi bonne que sa prestation se trouve être, impossible de s’empêcher de penser que McConaughey commence, justement, à s’enfermer dans le même type de rôle : le type détestable, inquiétant, à l’accent traînant.
Cette sensation est renforcée par son premier leading role à la télévision américaine, dans True Detective, la nouvelle série évènement HBO, sa troisième collaboration avec Woody Harrelson. Si la série se trouve être sympathique à suivre, McConaughey y est quelque peu agaçant, surjouant à fond les ballons son personnage d’ancien flic alcoolo crado hanté par des démons intérieurs là où Harrelson est bien plus en retenue (impensable il y a quelques années). Cependant, le public ayant décidé que cette série serait un chef d’œuvre avant même la diffusion du pilote, True Detective est déjà considérée, après 3 épisodes diffusés, comme une œuvre majeure de la télévision. Mais c’est un autre débat…

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Harrelson & McConaughey part two, après.

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A force d’avoir catalogué Matthew McConaughey dans les 2000’s, on semble découvrir qu’il peut être un immense acteur. Aussi ridicule que cela puisse sembler, celui-ci est justement en train de s’enfermer dans un type de rôle qui ne divise pas encore mais qui risque très vite d’en agacer certains s’il continue quelques années encore dans cette voie. Personne pour lui proposer une petite romcom ?

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