Ce jour n'est pas arrivé.
Michel Barnier, actuel commissaire européen au marché intérieur et aux services financiers, a fait deux propositions "détonnantes" pour mieux réguler les banques européennes: (1) une interdiction aux banques européennes de spéculer
pour leur propre compte sur les produits financiers et les matières premières, (2) un renforcement des pouvoirs des autorités de contrôle du secteur bancaire européen qui leur permettrait d'imposer la filialisation des activités de marché jugées à haut risque.
On aurait pu croire que notre meilleur ministre des Finances depuis DSK se serait jeter sur l'affaire. Point du tout... il s'est au contraire totalement désolidarisé de l'initiative de son collègue politique pourtant classé plus à droite que lui.
Ce 9 février, les Economistes Atterrés livraient leur analyse, sans merci.
1. "Avant la crise, les banques se sont employées à contourner la législation en développant les engagements hors bilan;"
2. "Avec la crise, les banques ont enregistré de lourdes pertes ; ces
pertes ont fait disparaître les fonds propres requis pour garantir les
crédits."
3. "Il est apparu que les grandes banques utilisaient l’argent des
déposants et la garantie publique pour spéculer sur les marchés."
4. "Il est apparu qu’elles prenaient des risques excessifs par aveuglement
(en minimisant les risques) ou par aléa moral, sachant qu’elles seraient
couvertes en cas de pertes. (...) Durant la crise financière, les banques ont fait appel au soutien des
États, (...) ce qui a mis en lumière
leurs pratiques : encaisser les gains, mais faire payer les pertes à la
collectivité. "
La conclusion allait de soi: "La crise a remis en cause l’utilité et la légitimité d’une grande partie des activités des marchés financiers."
Nos Economistes Atterrés se félicitent d'une Union Bancaire récemment décidée qu'une fraction de la gauche n'a visiblement toujours pas comprise. "Depuis juin 2012, les instances européennes proposent de mettre en place
une Union bancaire européenne. (...)
C’est certes un progrès." Mais un progrès insuffisant. Et voici que les propositions de Michel Barnier prennent tout leur sens. Mais, hélas, nos autorités françaises, c'est-à-dire le gouvernement Hollabde ET une banque centrale indépendante sont partis à l'assaut de cette réforme.
Les mêmes économistes rappellent combien, déjà, nos autorités françaises, Pierre Moscovici et Christian Noyer (Banque de France), sont hostiles au projet de
taxation des transactions financières pourtant adopté par la Commission européenne: 0,1 % sur les échanges d’actions et d’obligations, et à
0,01 % sur les échanges de contrats dérivés. Noyer explique combien cette taxe handicaperait les pays qui l'adopteraient, et freinerait la liquidité des marchés: ce serait "un risque énorme en termes de réduction de la production là où la taxe
s'appliquera, de hausse du coût du capital pour les États et les
entreprises, de délocalisation importante des activités de trading et de
baisse de la liquidité des marchés".
L'objectif de nos officiels français est de défendre le modèle national de "banque universelle".
Sans rire...