A propos de Un beau dimanche de Nicole Garcia
Pierre Rochefort
Septième long-métrage de Nicole Garcia, Un beau dimanche (coécrit avec Jacques Fieschi) est un film sensible et profond, bien senti et bien joué qui mérite le détour.
Un beau dimanche décrit avec pudeur et de manière intimiste la romance, dans le Sud de la France, entre Baptiste, un instituteur remplaçant (rien à voir avec Gérard Klein) introverti et secret (Pierre Rochefort, fils de Nicole Garcia et de Jean Rochefort) et Sandra, une serveuse de bar saisonnière (Louise Bourgoin) nonchalante, en apparence légère et insouciante mais en proie à de gros problèmes d’argent qu’elle doit.
Louise Bourgoin
La mise en scène, qui brille par sa sobriété, sa concision et sa précision, aurait cependant mérité davantage de développement psychologique concernant le personnage de Baptiste, écorché solitaire dont la part de mystère attire et fascine. La chute un peu abrupte du film confirme cette petite déception.
On aurait aimé peut-être que la mise en scène décrive plus en profondeur (avec des flashbacks peut-être sur des traumatismes dans sa jeunesse) les affres dont Baptiste souffre et leur origine, à travers un milieu et une famille d’aristos qu’il a fuis (figure oppressante du père haï) et qu’il continu de fuir comme il se fuit un peu lui-même sans doute. Mais le jeune instituteur, autrefois brillant élève de Centrale, est un jeune homme taiseux et tourmenté, qui évoque tantôt un personnage romanesque rebelle, tantôt un héros dramatique dont le parcours et l’histoire un brin chaotiques (les scènes où il était clochard sont un peu anecdotiques) font penser de loin à Le voyageur sans bagages de Jean Anouilh, sauf qu’ici, l’amnésie serait volontaire en quelque sorte.
Dommage qu’aucune piste ne soit vraiment privilégiée ni assez approfondie, car Pierre Rochefort, que l’on a peu vu jusqu’ici sinon dans des seconds rôles, parvient avec peu de choses (des attitudes, des regards, des expressions de tristesse ou de mélancolie) à rendre son personnage intriguant voire attachant, fascinant même dans son mystère et cette forme de mutisme et de souffrance intérieure, refoulée qui l’étreignent.
Fâché avec sa famille dont il a fui les valeurs et une vision du monde qu’il exècre, Baptiste n’a d’yeux que pour Sandra, qui semble le faire revivre.
Louise Bourgoin, Pierre Rochefort
Le film excelle d’ailleurs à observer les jeux de regards entre Sandra et Baptiste, mélange de crainte et de défi, de pudeur et de pudeur qui les rendent touchants. L’attirance que ces deux-là éprouvent l’un pour l’autre coïncide avec leur rapprochement rapide, favorisé par les circonstances et des problèmes matériels que Sandra (dont le fils est l’élève de Baptiste) éprouve et ne peut régler seule.
L’amour qui naît en Baptiste au contact de la belle saisonnière le poussera à renouer malgré lui avec sa mère et ses frères dont il déteste l’arrogance et les préjugés, le moralisme et l’oppulence, en un mot la démonstration d’une richesse financière affichée, vulgaire et indécente. On pense à Brel et à Chez ces gens-là (1966)…
Une belle romance inégale au final (ce qui n’enlève rien à ses réussites), car un peu succincte ou qui laisserait un peu sur sa faim tant elle laissait entrevoir de belles promesses…
http://www.youtube.com/watch?v=YFdL-YNJgcA
Film français de Nicole Garcia avec Louise Bourgoin et Pierre Rochefort (01 h 35)
Scénario de Nicole Garcia et Jacques Fieschi :
Mise en scène :
Acteurs :
Compositions élégantes d’Eric Neveux :