Comédie douce, mélancolique, Ciao Stefano! n'évite pas toujours les écueils que l'on connaît trop bien en France, une certaine tendance à l'auto-apitoiement d'un quarantenaire qui est amené
à faire un bilan plus que mitigé de sa vie.
Mais l'Italie, pays politique s'il en est en Europe, offre nécessairement une toile de fond plus riche en réflexions que ce que le cinéma français est capable d'offrir.
Aussi, deux niveaux de lecture s'offrent au spectateur.
Le premier voit une ex-star du punk rock en pleine dérive, dont l'échec musical est saisissant comme un chanteur se jetant dans une foule... qui s'écarte et le laisse choir misérablement. Comble
du malheur, sa compagne le trompe avec un guitarsite d'un groupe rival et ... à succès. Et voilà Stefano Nardini (comme l'excellente grappa du même nom) qui prend ses maigres effets personnels et
part rejoindre sa famille dans une voiture aussi usée que lui. Or, ladite famille, axée autour d'une petite entreprise autrefois à succès, est elle-même en crise. Son frère aîné, qui pris la
succession voit l'usine péricliter, son couple voler en éclats, concentrant l'essentiel de ses efforts dans la dissimulation de la situation à ses parents. Quant à sa petite soeur, elle vit en
marge de la famille. Et voilà - c'est la dose d'eau de rose - la fratrie qui se reconstitue et se soude face à l'adversité.
Mais le second plan est celui d'une Italie où, comme le lâche Stefano lors d'un moment clé du film, l'on pense que "c'était quand même mieux quand on se racontait des mensonges. C'était plus
doux".
Car que nous dépeint Ciao Stefano? Un pays où l'industrie traditionnelle part en capilotade, un pays où la seule industrie qui semble prospère est celle du loisir, du Golf et des cours
de méditation-bidon pourle troisième âge auxparcs de loisirs aquatiques. Un pays où la provocation (qu'incarne fort bien Valerio Mastandrea en Stefano) tourne court devant l'accumlation
d'interdits en tout genre (même si on peut encore les subvertir, jusqu'auxpanneaux contrôlant la vitesse des véhicules). Un pays où les députés affirment qu'ils "ne sont rien" sinon une
belle façade derrière laquelle les banquiers et la bonne société continent de tirer les ficelles.
Ce pays là pourrait être sans doute reconnaissable dansmaintes contrées européennes, et c'est ce portrait là qui donne son charme à ce film, charme rehaussé en permanence par un humour
omniprésent qui permet de quitter la salle avec un vrai sourire aux lèvres, ce qui est somme toute le but annoncé et atteint par Gianni Zasani!
Alors, si ce film n'est pas de la qualité d'un Libero, il y a sufisamment de vitalité qui perce
sous la pellicule pour nourrir un relatif optimisme sur l'avenir du cinéma italien... et réciproquement s'inquiéter, encore et toujours, de celui du cinéma français.