Certes, l’étude prend place en Espagne, et de tels taux pourraient ne pas être retrouvés, exactement, dans les autres pays européens. Cependant, ils ont le mérite d’attirer l’attention sur un ordre de grandeur, d’ailleurs très différent selon la substance consommée et d’apporter ces ordres de grandeur alors que très peu d’études ont pu réaliser ces estimations, en raison de l’absence générale de références à la consommation de substances dans les registres des décès. Gregorio Barrio, un chercheur à l’Institut de Santé Carlos III à Madrid et co-auteur de l’étude explique que la cause du décès peut-être est un problème de santé quelconque, comme un infarctus du myocarde ou le suicide, qui peut être causé par des facteurs qui n’ont rien à voir avec l’usage de drogues. Et même lorsque des signes de consommation de substances sont évidents au moment du décès, ou révélés durant l’enquête médico-légales et toxicologique, on ne corrige que très rarement la cause du décès.
Ici, les chercheurs ont comparé les taux de mortalité d’un groupe de 8.825 usagers d’héroïne + cocaïne et d’un groupe de 11.905 usagers de cocaïne, appariés avec des témoins non consommateurs du même âge et du même sexe. Tous ces participants, âgés de 15 à 49 ans au départ de l’étude, étaient en traitement pour dépendance.
L’excès de mortalité prématuré apparaît considérable dans les deux groupes de participants :
· Le taux de mortalité parmi les usagers d’héroïne+ cocaïne est 14,3 fois plus élevé vs en population générale,
· Le taux de mortalité parmi les usagers de cocaïne est 5,1 fois plus élevé vs en population générale,
· Cette mortalité est 1,5 fois plus élevée chez les femmes vs hommes pour la combinaison héroïne+ cocaïne, une différence non retrouvée pour l’usage de cocaïne seule.
· Cette surmortalité, constatée en Espagne, reste dans l’éventail de résultats trouvés pour d’autres pays, soit une surmortalité estimée de 4 à 12 fois plus selon les substances consommées.
Des facteurs de surmortalité, spécifiques aux usagers de drogues dures sont également identifiés. Il s’agit de l’absence d’emploi régulier, de l’usage quotidien de drogues, des troubles mentaux et de la personnalité ou de conditions socioéconomiques défavorables.
Des conclusions intéressantes également, car elles apportent de meilleures estimations sur la mortalité attribuable à la cocaïne, une substance dont la consommation peut aussi justifier une prise en charge.
Source: Journal of Substance Abuse Treatment Feb 2014. DOI: 10.1016/j.jsat.2013.07.001 Mortality risk factors and excess mortality in a cohort of cocaine users admitted to drug treatment in Spain