Bonjour, je suis Stanley, l’employé 427. Ces derniers temps j’ai vécu des aventures relativement hors du commun. Rendez-vous compte, je n’étais même pas allé chercher mon café à 9h17, alors que je ne manque ce genre de rendez-vous sous aucun prétexte ! Non, c’était un jour vraiment spécial. Le boulot de l’employé 427 est simple comme bonjour : un ordinateur m’envoie des commandes que je dois réaliser. Appuyer sur tel bouton au bon moment, faire la bonne combinaison de touches sur le clavier, enfin vous voyez le genre. Bien que la plupart de mes collègues proclament ce travail abrutissant, moi, au contraire, je l’aime beaucoup. Je suis même persuadé qu’on puisse adapter ce principe à des jeux vidéo par exemple, pour faire preuve de créativité, mais c’est un autre sujet.
Figurez-vous qu’en ce beau matin, mon prompteur ne m’a rien affiché. Pas l’ombre d’un impératif, ni même un salut amical. Nada, l’écran était noir et le restait désespérément. J’étais prêt à demander de l’aide à mes estimés collègues lorsque je me rendis compte de ma solitude dans ces bureaux. En effet, personne ne se tenait à son poste, la photocopieuse vomissait des feuilles blanches et le café tiédissait. En un mot comme en cent, c’était le chaos. C’est à ce moment que mon intuition me suggéra que les autres étaient peut-être partis à une réunion, peut-être n’avais-je pas reçu la note habituelle ? Ainsi je décidai de me rendre à la salle prévue à cet effet. Tandis que je traversais des couloirs dont la variété n’avait d’égal que l’animation qui y régnait, je fus soumis à un choix cornélien, précisément le genre de dilemme provoquant une bouffée de stress et à éviter de toute urgence…
La porte de droite ou celle de gauche ?
Elles se tenaient là, devant moi. Stoïques. Mais avant même que je ne me décide, ce que je prenais pour mon intuition revint à la charge. « Stanley regarda les deux portes et prit celle de gauche ». D’instinct, je me dirigeai donc vers la pièce sur ma gauche puis je m’arrêtai… et si je passais par la droite ? Après tout, rien ne m’en empêchait, et c’était si excitant de désobéir à cette conscience, ou qu’importe son nom. Ainsi, bravant l’explicite interdiction, la voix fit de nouveau son entrée, me faisant remarquer que ce n’était pas du tout le chemin vers mon objectif, et que je le savais très bien. Oui, j’étais effectivement au courant, mais je pourrais en tous les cas y retourner d’une manière ou d’une autre. La voix ajouta que j’avais sans doute envie d’admirer le salon de détente, et que c’était probablement pour cette raison que j’avais déjoué son itinéraire. Ma foi, c’est vrai qu’elle n’était pas si mal cette salle de réunion, du moins c’est ce que l’hôte de mon esprit me faisait penser.
Après avoir flâné quelques minutes et m’être amusé des soupirs de mon guide, je pris la résolution, pour cette fois seulement, d’écouter ses instructions. Je suivis donc son conseil et le chemin proposé jusqu’au moment où je me retrouvai, une fois de plus, devant une intersection. Malgré sa demande de simplement me diriger vers un portique bien innocent, j’avais vraiment très envie de traverser le hangar sur sa plateforme mouvante. Sérieusement, qui n’avait pas envie de contempler cet ouvrage de l’humanité ? Hop, en quelques secondes je rejoignis le côté opposé dudit hangar. Cette fois, je le jurais, j’allais me forcer à obéir, ne serait-ce que pour voir ce qu’il avait à me montrer.
Big Brother is watching you
« Horreur ! » cria mon présumé inconscient. Voilà ce que c’était de reprendre cette habitude d’être le mouton de la bande, de garder cette routine stupide ! J’avais bien dû parcourir des centaines de mètres de couloirs quand je débarquai dans cette grande salle circulaire. Qui avait bien pu construire ça ? Des écrans partout, des ponts et plateformes métalliques en contrebas, la construction la plus insensée qu’il m’ait été donnée de voir ! Je me rendis soudain compte qu’à chaque écran était attribué un numéro et que le nombre 427 projetait… mon propre bureau ! Nous étions donc tous fichés ? Le patron vouait-t-il un culte secret à 1984 d’Orwell ? Je savais bien qu’il cachait des magazines douteux dans son bureau, c’était une rumeur qui avait été maintes fois vérifiée, mais ce genre de pratiques ? Ici ?« Tu n’étais pas sensé voir ça ! Ce n’était pas prévu dans le scénario ! »
Je paniquais, m’escrimais avec la porte pour revenir en arrière. De quoi est-ce que cet homme parlait ?
« Il va falloir tout recommencer je suppose… j’espère que ça se passera mieux. »
Bonjour, je suis Stanley, l’employé 427. Ces derniers temps j’ai vécu des aventures relativement hors du commun. Rendez-vous compte…
The Stanley Parable : L’homme est plus faible que la machine DottmungeerConclusion : The Stanley Parable est définitivement l’ovni le plus réussi de 2013. Non content de vous faire rire aux éclats grâce à ses références, son narrateurs et ses fins multiples ridiculement géniales, le jeu remet également en question les bases et principes des standards actuels en parodiant la liberté, l’open-world et en réduisant le gameplay à sa plus simple expression. Avec « Papers, Please », The Stanley Parable est une nouvelle preuve que le minimalisme a plus de charmes que ce que l’on croit.