Melinda a survécu à une spectaculaire agression a quinze ans. Il faut dire que quelqu’un qui vous attaque au sabre en pleine rue, ça n’est pas courant. Elle ne doit sa survie qu’à l’intervention d’un mystérieux sauveur qui meurt peu après avoir tué son agresseur. Elle n’a retenu de lui qu’une étrange cicatrice en forme de spirale sur la main. Des années plus tard, son meilleur ami Nathan lui offre un pendentif à la forme étrangement similaire à cette cicatrice. Melinda en est si troublée qu’elle en fait un malaise. Le lendemain, lorsqu’elle se réveille, elle se rend compte qu’elle n’aperçoit plus que ses vêtements dans le miroir. Elle est devenue invisible. Elle appelle Nathan au secours, mais celui-ci ne semble pas franchement ébranlé par ce qui lui arrive. Il aurait même tendance à s’en amuser.
Lorsque l’auteure m’a proposé de découvrir son roman, elle m’a prévenu qu’il s’agissait d’une romance teintée de fantastique. Et je crois qu’on peut ainsi résumer mon avis sur le roman: une romance réussie mais un fantastique décevant. Je m’explique.
Très vite, on comprend l’amour platonique qu’entretient Melinda pour le si attentionné Nathan. C’est réellement touchant de voir leurs jeux d’enfants prétextes pour se tripoter: on comprend assez vite que l’attirance est réciproque et qu’il va finir par y avoir des galipettes entre ces deux-là (même si en arrière-plan on se demande comment les galipettes n’ont pas déjà eu lieu en sept ans d’amitié, ce que l’intrigue explique ensuite évidemment). Ils se tournent autour, se cherchent, se moquent, se rejettent, tout y est. Et lorsqu’intervient un autre garçon, Alex, bien décidé à faire succomber Melinda à son charme, se tisse l’inévitable triangle amoureux qui n’échappe pas aux clichés (une nana qui ne sort pas avec un seul mec en sept ans se retrouve d’un seul coup draguée par deux canons) voire à l’absurde (Alex et son show de chippendale, comment dire…) mais qui pourtant m’a convaincue : les efforts de Melinda pour remettre l’ego surdimensionné d’Alex à sa place sont absolument délicieux et cinglants. Les scènes amoureuses, qu’il s’agisse de tendresse, de chamailleries ou de sexe, sont donc particulièrement réussies.
Par contre, le fantastique est non seulement très secondaire, mais également très peu compréhensible pour moi. D’abord lorsque Melinda devient invisible, j’ai été étonnée qu’elle s’y accoutume si facilement, que cela change à peine ses perceptions (sans parler que j’ai du mal à comprendre comment Nathan peut la regarder dans les yeux alors qu’il ne la voit pas). Je n’ai pas réussi une seconde à m’identifier à cette fille qui voit son corps disparaître et lui échapper, j’aurais aimé bien plus d’empathie, passer plus de temps à voir en quoi cela la change. Plus tard, on apprendra que Melinda appartient à un peuple très ancien, caché parmi les humains. Ce qui aurait pu être une très bonne idée m’a en fait complètement larguée: outre leur nom imprononçable, je n’ai cessé de me demander ce qu’ils faisaient là, où se trouvait leur monde exactement, d’où leur venaient ces pouvoirs dont j’ai eu du mal à comprendre la cohérence et la raison d’être (exception faite pour la téléportation qui m’a parue réellement convaincante, avec les nausées qu’elle provoque). Vouloir maintenir le mystère, certes, mais là, j’ai complètement décroché, ne comprenant pas pourquoi Melinda ne cherchait pas à en savoir plus, pourquoi elle acceptait en silence sans poser plus de question. Pourquoi elle ne rencontrait qu’une ou deux personnes de son nouvel univers. Bref, je n’y ai pas cru. Et pour finir sur les incompréhensions, je ne suis pas très fan de la couverture que je trouve un peu trop printanière et virginale pour une histoire plutôt sombre et je ne vois pas bien non plus le lien avec le titre qui me laissait penser que le vent aurait une place bien plus importante dans les pouvoirs de Melinda ou l’histoire de son peuple (mais en fait non).
J’ai pourtant suivi intensément cette histoire d’amour pleine de rebondissements (même si les pleurnicheries de l’héroïne m’ont un peu agacée à la fin, mais je préfère les filles à poigne), qui fut une lecture agréable, sans réellement accrocher aux éléments surnaturels et en essayant de ne pas me focaliser sur les fautes de français croisées (un sacre et un sacrement sont deux choses bien différentes, par exemple, et non pas deux mots interchangeables).
La note de Mélu:
Une belle romance bien maîtrisée, mais pas abouti du côté fantastique, ni sur l’intrigue ni sur le style. Merci à l’auteure de m’avoir proposé cette découverte.
Un mot sur l’auteure: Nathalie Chapouille est une auteure française.