Wallace Stegner (1904-1993) était un total inconnu pour moi
avant que Marilyne me propose cette lecture commune. Il est pourtant considéré
comme la principale source d’inspiration des écrivains du Montana et reste LA
référence absolue pour Jim Harrison. Prix Pulitzer 1972, il a également
remporté le National Book Award. Une pointure de la littérature américaine,
quoi.
Cinq nouvelles en tout dans ce recueil. Les deux premières
abordent le registre de la nostalgie, du temps qui passe et sont traversées par
une certaine forme de mélancolie. Je les ai malheureusement trouvées trop
courtes. A peine le temps de s’y installer qu’il fallait déjà en sortir. La
troisième est plus intéressante et met en scène un cocktail mondain, un
pianiste retors et un narrateur à l’ironie mordante dans une ambiance digne de
Gatsby le magnifique. La quatrième est sans conteste la plus faible et est surtout
sans aucun intérêt selon moi.
J’étais donc pour le moins dubitatif avant d’attaquer le
dernier texte. Pas vraiment emballé par ce que j’avais lu, je me demandais bien
pourquoi on faisait de Stegner un des plus grands écrivains de l’Ouest. Mais
cette nouvelle a tout changé. 130 pages de pure Nature writing où des cowboys
traversent avec leur troupeau la plaine du Saskatchewan (Canada) en plein hiver
1906, un des plus rudes du 20ème siècle. On trouve dans ce
mini-roman d’initiation une écriture inspirée, des descriptions magnifiques,
des relations entre les personnages très travaillées et un scénario au cordeau. Bref, c'est un récit âpre et tendu, qui tient le lecteur en haleine. La volonté farouche
des hommes face aux éléments déchaînés est parfaitement rendue. Le froid, la
promiscuité, les efforts terribles à fournir pour continuer à avancer malgré le
blizzard, la neige et les vêtements qui gèlent à en devenir cassant comme de la
glace, etc. Formidablement évocatrice, la prose de Stegner se dévore littéralement.
Un recueil qui mérite donc d’être lu, essentiellement pour
cette magistrale dernière nouvelle. J’ai maintenant hâte de découvrir un de ses
romans.
Le goût sucré des pommes sauvages de Wallace Stegner.
Points, 2009. 300 pages. 8,50 euros.
Une lecture commune que j’ai une fois de plus le plaisir de partager avec
Marilyne et une première participation au mois de la nouvelle de Flo.
L'avis d'Hélène