Alors qui est ce Kurt Vile que la critique s'est appropriée, louant et c'est mérité son 5ème LP, quand l'excellent Smoke Rings for My Halo avait déjà fait son petit effet du côté de 2011 ?Un gaillard dégingandé de Philadelphie qui n'a pas besoin lui de casque intégral pour sortir tranquillement faire ses courses, caché qu'il est derrière une abondante tignasse propre à rendre rêveurs les quadras de DODB.Une sorte de fils putatif de Lou Reed récemment disparu, et de Hope Sandoval, l'enivrante meneuse des Mazzy Star, auxquels il emprunterait le phrasé nonchalant du premier (davantage axé sur le talk-over il est vrai) et les inflexions rêveuses et éthérées de la seconde - on note parfois une ressemblance de timbre métallique avec Frank Black.....et bien évidemment avec Lawrence de Felt.
Des histoires, des chroniques toutes simples d'un zicos aguerri - déjà un long passé de groupes derrière lui - qui se contente de composer chanter et jouer pour les terriens, animé d'un hédonisme bon crin, et tout heureux de narrer et relater les choses de la vie toute simple à sa chère et tendre et les deux fillettes qui sont le centre de son existence.
On espère donc que son désamour du sacerdoce rock'n'rollien on the road n'entamera pas l'envie d'en découdre de Kurt envers les différents publics de la planète et qu'il ne sera pas frappé du syndrome Manset/Hardy/Drake/Partridge (la liste est longue) qui ont un jour décidé de ne plus donner de nouvelles que par disques interposés. Mais il semblerait que notre homme à une époque où l'industrie du disque se meurt, privilégie encore et encore le soutien financier de sa petite famille alors.....
Car ce serait se passer d'interprétations sur le vif de ces superbes odyssées guitaristiques que sont les longues (plus c'est long...et sur ce disque, Kurt Vile a lâché la bride !) et superbes "Wakin on a Pretty Day", "Was All Talk", "Girl Called Alex" (rien que pour ces trois titres...)"Too Hard", ou " Goldtone" que soulignent parfois un synthé discret façon road-movie Lynchien ou Jamurshien.
Sans oublier ce phasing délicat qui enlumine littéralement les chansons et notamment ce "Snowflakes are Dancing" étonnamment pudique.
Au passage, la dernière ode à une Alex se trouvait sur Father Son Spirit de Girls et cela convoque forcément de très beaux moments musicaux
Et donc se priver d'un nouveau et digne émule de Neil Young, auquel notre homme à l'instar de son compatriote en vogue Jonathan Wilson ne cache pas son attachement - voir au delà des riches morceaux évoqués, les sortes de boogie crétins que sont "KV Crimes" et son inénarrable clip "royaliste avec porteurs" ou bien "Shame Chamber", où l'ombre des chevauchées du Cheval Fou n'est jamais loin !
L'univers de cet artiste a priori sans trop d'équivalent en dépit du style chevelu-yankee-guitare-au-vent qui fait florès, laissera peut-être de marbre ceux qui arguent de la longueur excessive de certaines chansons (effectivement) ; il ravira les autres pour qui le timbre de grand échalas fatigué de Vile, associé à des sons de guitare amples et riches, est un pur enchantement.
En bref : pour qui aime la guitare, les tourneries qui s'insinuent dans le cortex de façon durable, ce disque est un régal, et plus encore semble révéler l'univers doux rêveur d'un musicien majeur.. et accessoirement réhabiliter les morceaux de 9' et les albums d'une heure.
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"Was All Talk"
"Girl Called Alex"