Editions Verticales, 2014
Maylis de Kerangal devient une figure incontournable de la littérature française contemporaine. Son dernier opus est le roman incontournable de la rentrée littéraire de janvier.
Son précédent roman, Naissance d'un pont faisait s'entrecroiser de multiples personnages autour d'une construction. Ici, il s'agit d'organes humains qui vont quitter un corps mort, celui de Simon Limbres, un jeune homme mort accidentellement...pour "réparer les vivants".
Et de multiples personnages, du milieu médical ou non, vont converger autour de ce corps pas encore tout à fait mort. Les parents,Marianne et Sean, le chirurgien Pierre Revol, Thomas Rémige, l'infirmier coordinateur des transplantations, des infirmières, la petite amie de Simon, les Harfang, célèbre dysnastie de chirurgiens, une patiente qui va être greffée....
Une magnifique partition où de véritables personnages émergent avec leurs petits secrets, leurs petits dons, leurs petits péchés...Passion du chant, du football, prouesses sexuelles...et tout d'un coup, finies les plaisanteries, tout est chronométré. Et nous voila partis pour une course contre la montre où il n'y a pas une minute à perdre. On se téléphone, on circule en voiture, en hélicoptère. Un suspense digne d'un polar !
C'est un perpétuel mouvement ; l'écriture, comme le sang qui circule, pénètre dans différents cerveaux, différents corps, différentes âmes. Elle est la vie tout simplement, le coeur qui bat.
Ce roman à nul autre pareil oscille constamment entre l'exposé réaliste et technique (Kerangal a assisté réellement à une transplantation cardiaque) et
l'émotion des personnages saisis dans leur intériorité.
C'est émouvant et drôle en même temps (ah, ces chirurgiens du poumon et du coeur qui s'houspillent autour d'un vaisseau sanguin ! Ca parle sexe, foot, mort amour...bref un roman total....
C'est du bel ouvrage, un festival de mots ; je suis plus enthousiaste que pour Naissance d'un pont; pourtant, je continue à croire que c'est un magnifique exercice de style. C'est trop bien fait pour que chez moi, l'émotion passe réellement.
Le débat est ouvert avec les autres lecteurs !