"La beauté et le tragique agissent sur ceux qui les rencontrent comme de la paille de fer aux deux extrémités d'un aimant, celle qui attire et celle qui repousse. Ils créent aussitôt un champ de forces qui détermine l'orientation de toute chose. Les belles personnes [...] n'ont pas la possibilité de voir les choses telles qu'elles sont.
Pour cela, il faut être gris, caché et vigilant.
C'est la même chose avec les gens qui ont vécu une tragédie. Ce qu'il y a autour d'eux ressemble à ces auréoles dont les peintres de retables coiffent leurs saints comme d'une cloche à plongeur. Une bulle, qui isole complètement celui qui la porte.
Et de son côté, qu'est-ce que le malheureux peut voir au travers de son halo de gloire si ce n'est un monde irrémédiablement déformé?"
(extrait de "L'envol du héron" de Katharina HAGENA, Anne Carrière édition, source de l'image)