C’est l’aboutissement de recherches, menées durant 20 ans, par le Dr Bradford Lowell, professeur de neuroendocrinologie au Beth Israel Deaconess qui travaille sur les neuro-circuits cérébraux qui sous-tendent la faim. Une première découverte sur ces neuro-circuits, celle du rôle clé d’un groupe de neurones, exprimant un peptide AgRP, sur la répartition des nutriments, auprès du pancréas, du foie et des muscles a été présentée récemment dans l’EMBO Journal. Ces cellules nerveuses, présentes dans l’hypothalamus du cerveau sont activées par une carence en calories et lorsqu’artificiellement stimulées dans des modèles animaux vont provoquer la faim, l’hyperphagie et l’obésité.
Comment le cerveau contrôle la faim : L’équipe du Pr Lowell montre ci que les neurones induisant la faim, qui déclenchent l’activation des neurones AgRP, sont situés dans le noyau paraventriculaire, une zone du cerveau déjà associée à satiété. Cette découverte complète le schéma global et la compréhension de ce qui motive l’appétit, alors que de nombreuses questions subsistent: Pourquoi l’alimentation et le jeûne diminuent ou augmentent la faim? Quel est le rôle exact du circuit de la récompense et pourquoi parfois reprenons-nous de la nourriture après un repas complet ? Si de nombreuses études ont apporté des éléments de réponse, mais partiels, décrypter le fonctionnement global de la « boîte noire » du cerveau, c’est-à-dire l’ensemble des circuits neuronaux qui contrôlent réellement la faim permettrait aussi de faire avancer notre compréhension de l’obésité.
Stimuler et « éteindre » la faim, devient presque possible : Lorsque les chercheurs stimulent spécifiquement et sélectivement, ou inhibent les neurones impliqués –par composés chimiques- ils parviennent à inciter des souris à continuer à s’alimenter sans cesse ou, au contraire lorsque les neurones concernés sont désactivés, à supprimer la sensation de faim. Et, curieusement, ceux qu’ils appellent « les neurones » de la faim sont situés dans cette zone autrefois associée à la satiété.
Pour les chercheurs, le schéma de l’itinéraire neuronal de la faim est presque reconstitué et cette étape laisse déjà espérer d’être en mesure de traiter , en ciblant ces voies identifiées, l’obésité et les troubles alimentaires qui sont, en fin de compte, les conséquences d’une « faim anormale ».
Source: Nature02 February 2014 doi:10.1038/nature12956An excitatory paraventricular nucleus to AgRP neuron circuit that drives hunger