METAL – S’il est un groupe qui a suscité la polémique c’est bien Sepultura. Encensé par la critique pour son album « Roots » en 1996, mais enterré (à tort) après le départ surprise de son leader Max Cavalera, le combo rebondit avec Derrick Green déchaînant alors les passions. Mort pour certains, génialissime pour d’autres, le combo ne fit pas l’unanimité jusqu’à il y a peu notamment avec le très bon «Kairos ». Aujourd’hui, dans la foulée de ce très bon album, Sepultura remet la compresse. Retour au plus haut niveau du genre ou simple produit d’« has been » telle est donc la question.
On peut le dire, sans exagération, le combo brésilien, sort d’entrée le grand jeu et force tout de suite le respect par son orchestration incroyablement puissante. De manière globale, si l’on veut rendre hommage à l’album dans son ensemble, on peut dire que ce Sepultura seconde génération a atteint sa maturité. Désormais, le groupe forme un véritable collectif qui a su faire la synthèse de son travail de ces 25 dernières années.
Puisant son inspiration tant dans un registre death/doom comme celui de ses débuts (MORBID VISIONS, BESTIAL DEVASTATION) que trash façon ARISE ou BENEATH THE REMAINS le groupe explose de noirceur, de vitesse mais aussi d’énergie positive. Car à ce cocktail détonant le groupe enjoint des riffs heavy bien carrés soutenus par un double pédalier -véritable mitraillette en soi- sorti tout droit des archives de sa période CHAOS AD couplée à la lourdeur massive du son ROOTS. Plus encore, le style punk/hardcore de Derrick Greene se mêle cette fois avec le plus grand naturel au style du groupe ce qui n’a pas été toujours le cas. On comprend alors que toutes ces années ont servi à expérimenter justifiant ainsi un AGAINST ou un ROARBACK qui tentaient déjà cette association.
Le génie du groupe ne se limite cependant pas à mixer les sonorités des sons riches du passé. Toute l’originalité de cet album tient à ce que ces récupérations sont plus un savoir faire en soi -que le groupe intègre à un processus créatif- qu’une simple redite. Les brésiliens composent en effet un trash métal relevé de passages death et heavy très originaux ; tous les éléments précités sont en effet véritablement fondus dans des lignes mélodiques et rythmiques d’une grande cohérence qui régénèrent le genre. Le son participe pour beaucoup à cette réussite : à la fois classique (qui satisfera les puristes du genre) il est aussi très lourd, très noir, métallique et heavy, filant parfois. On est tant dans un registre traditionnel que modernisé par la technologie contemporaine.
Sur les dix titres que le combo propose, on pourrait écrire encore bon nombres de commentaires dithyrambiques tant la structure de ces morceaux est riche et leur traitement efficace. Nous nous contenterons de relever le très bon "Trauma Of War" qui ouvre l’album sur une vague de violence inouïe ou encore l’incroyable "The Vatican" énorme de ses 6 minutes 30 de pure folie. Et c’est sans compter le très beau "Grief" dont la mélodie subtile soutient la voix claire et grave cette fois du "Predator".
Vous l’aurez ainsi compris : THE MEDIATOR BETWEEN HEAD AND HEADS MUST BE THE HEART est un petit bijou de métal qui marque le retour de Sepultura parmi les plus grands du genre. Fort d’un passé riche mais aussi conforté par ses nouvelles expériences de la période Derrick Greene, le combo franchit une nouvelle étape dans sa carrière et offre à la scène métal, pas toujours inspirée en ce moment, une grande démonstration de savoir faire. Comme ses acolytes de Slayer ou de Metallica l’on déjà fait, Sepultura procède à un retour magistral tout en haut du top ten de la catégorie. Un album de métal somptueux donc que tous les fans de ce style, si ce n’est pas déjà fait, doivent se procurer.