est-ce qu’il y a quelqu’un sur le net ?

Publié le 09 février 2014 par Triton95

On lit beaucoup d’articles dénigrant l’écriture des blogueurs, les commentaires, articles teintés du plus profond mépris et de la plus grande condescendance. Il semble que l’émergence d’une parole commune, partagée, accessible soit un problème pour des gens qui pensaient avoir monopolisés la parole, et se croyaient "influents". C’est drôle cette idée de "l’influence", de croire que le public croit ces discours diffusés pour défendre certains intérêts, alors qu’il a appris à les décoder depuis l’époque du "bourrage de crâne", et que, sans doute, seuls ces porte-parole croient encore à leurs paroles, que ce qu’ils disent parce que des médias leur sont ouverts, peuvent influencer encore le public.

Je constate toutefois que peu de gens utilisent le net pour sa puissance, préférant le prémaché de facebook, où l’on accumule pas mal d’aneries, et de reprises en boucle, et que l’on utilise si peu pour tenir un discours plus intelligent. Facebook, quelque part, c’est un peu le deuil de la réflexion, c’est un étalage semi-privé de banalités. Je ne comprends pas comment on peut avoir des centaines de "friends", alors que je suis déjà perdu avec un petit nombre, car les interventions paraissent partielles, sautent du coq à l’ane, et je ne suis pas certain de lire autre chose qu’une autre version d’un jeu social.

Je constate donc, à ma grande surprise, que peu de gens utilisent vraiment le net. Pour ma ville de banlieue, on ne trouve aucun blogueur pour mettre en ligne des articles, hormis les blogs de candidats aux élections, mais est-ce quand on est candidat, on est encore libre d’écrire, quitte à déplaire ?

Il me semble que si plus de gens utilisaient vraiment le net, pour se mobiliser, pour défendre des positions, pour faire part de leurs réflexions, si on utilisait davantage encore le net pour ce qu’il permet de mise en contact en direct et sans grands moyens financiers, de communication pure, qu’après tout le premier bistrot permet peut-être mieux que le net, alors on aurait encore davantage l’impression de pouvoir avancer.

Le nombre de blogueurs faisant part d’expériences, de réflexions libres est donc plus faible que je ne pensais. Il y a une sorte de promotion de soi-même, plutôt qu’un partage d’idées. Peut-être le bistrot possède-t-il de plus grandes qualités que le net, il est plus homogène socialement, l’échange est plus direct, et il conserve la couleur de la langue, ou sa tonalité.

Il me semble qu’en ce moment, il y a des choses que l’on ne peut continuer d’accepter, pour lesquelles il est important de se battre, d’affiner les arguments, et que le net devrait le permettre.

La publicité, les services marchands inutiles, les réseaux sociaux conformistes ont envahi notre horizon netien, comme un lierre envahissant, mais il nous appartient de ne pas laisser cet espace unique, véritable novation de notre temps, ne pas devenir un grand dépotoir des productions des tanks de la pensée, et des agressions commerciales.