L’histoire forte d’un déserteur devenu travesti |
Le festival d’Angoulême a le sens de l’actualité ! En pleine polémique sur la théorie des genres, le festival a consacré "Mauvais genre" de Chloé Cruchaudet. Et il faut dire que ce fait divers sur la confusion des genres est bouleversant.
Paris, 1914. L’histoire de Paul et Louise débute de manière assez ordinaire : une jeune fille et un jeune homme se rencontrent, ils s’aiment puis se marient. Mais leur destin va prendre une drôle de tournure lorsque Paul, inévitablement appelé au front, décide d’échapper à ce carnage. Désormais déserteur, il est contraint de se cacher. Et un soir de printemps, l’envie d’air extérieur est irrépressible. Il décide alors de sortir grimé en femme, dans les vêtements de Louise.
Les années se succèdent et ce qui n’était qu’un subterfuge devient alors une transformation profonde d’habitude, de sexualité et de personnalité. On assiste à la métamorphose de Paul en Suzanne qui devient une figure notoire du bois où s’expriment toutes les excentricités sexuelles.
La réalisation graphique est à l’image du personnage de Paul (ou plutôt Suzanne) : aussi sombre que délicate. Elle alterne les passages ténébreux de batailles de tranchées, les moments de douce euphorie pimentés par des touches de couleurs, et les séquences rythmées d’agitation. La mise en scène bénéficie néanmoins d’une grande fluidité. L’effet d’ambiance est brillamment vieilli et les silhouettes sont élégantes. C’est très joli !
« Mauvais genre » est une BD qui laisse des traces.
note : 9/10 dessin et scénario : Chloé Cruchaudet éditeur : Delcourt en savoir plus
Paul, Louise et leur bébé – Paul alias Suzanne au bois