Les Russes seront à la recherche de leur gloire passée à Sotchi. (Bruce Bennett-Getty Images)
Pour la première fois de l’histoire, la Russie s’apprête à accueillir les Jeux olympiques d’hiver. Du 8 au 23 février, à Sotchi, tout un pays sera regroupé derrière son équipe de hockey pour qui l’or apparaît comme l’unique alternative.
Une vraie histoire d’amour. Impossible en effet d’évoquer le hockey soviétique sans faire mention des Jeux olympiques, terrain où il a griffonné les plus belles pages de sa légende en décrochant huit médailles d’or entre 1956 et 1992. Au fil des générations, les artistes se sont succédé au sein d’un système collectif parfaitement huilé pour faire triompher une conception du jeu devenue référence au temps de l’amateurisme. Autre époque, autres mœurs. La venue des meilleurs joueurs de NHL, à partir de Nagano (1998), a fondamentalement redistribué les cartes et la Russie a entamé une période de disette qui dure depuis maintenant trop longtemps.
L’heure des retrouvailles avec la muse sertie d’anneaux approche et, pour la première fois de son histoire, le plus vaste pays du monde sera l’organisateur du combat des chefs. Une opportunité unique de reprendre la tradition glorieuse d’une aventure dont le dernier épisode reste une traumatisante élimination en quarts de finale face au Canada, il y a quatre ans (7-3), se présente. « Honnêtement, je n’arrive toujours pas à croire ce qui s’est passé. Je suis encore dépité, a confié Evgeni Malkin selon NHL.com. Nous allons devoir prouver à Sotchi, devant nos supporters, que le désastre de Vancouver n’était rien d’autre qu’un accident. »
Le poids de la nation
Si le fait d’évoluer devant une foule acquise à leur cause sur la glace d’un palais des glaces Bolchoï flambant neuf sera un avantage considérable, les Russes devront néanmoins composer avec une pression extrême. L’olympisme, fondé sur des valeurs de partage et d’humanité, a rapidement dérivé vers une compétition entre nations qui n’ont eu de cesse de l’instrumentaliser pour en faire une vitrine de leur puissance. Aujourd’hui, si cette tendance s’est estompée, elle n’a pas totalement disparu pour autant et les Jeux de Sotchi revêtent une importance toute particulière pour le gouvernement de Vladimir Poutine, l’homme fort de Moscou ayant déclaré qu’il assisterait aux rencontres d’une sélection dont il n’attend rien d’autre que le sacre.
L’attente est immense au sein d’un pays ayant toujours défendu avec fierté l’authenticité de son hockey. Preuve supplémentaire, 16 anciens champions olympiques ont adressé une lettre ouverte à l’équipe entraînée par Zinetula Bilyaletdinov et dont le contenu est on ne peut plus explicite : « Tout le pays vous supportera et tremblera avec vous. A notre époque, nous avons tout donné pour la victoire. Nous avons apporté la gloire à l’URSS, notre peuple, notre sport. Ne laissez pas tomber la Russie, les garçons ! »
Tretiak : « L’impact des Jeux sera toujours spécial »
Reste désormais à savoir si la sélection parviendra à assouvir ses ambitions en écartant une meute d’opposants pour le moins farouche, emmenée par les terreurs canadiennes. Durant la phase de préparation, le GM Alexei Kasatonov et son staff ont redoublé d’efforts, notamment en matière de scouting, pour mettre en place le groupe le plus compétitif possible. Les étoiles évoluant outre-Atlantique, Alexander Ovechkin, Evgeni Malkin et Pavel Datsyuk, serviront de guides et seront bien secondés par des éléments issus de KHL, au premier rang desquels Ilya Kovalchuk et Alexander Radulov. De quoi effrayer plus d’une défense… L’arrière-garde, sous la conduite du vétéran Andrei Markov et de la valeur montante Slava Voynov, aura un rôle clé à jouer pour protéger une cage où le poste de gardien reste l’interrogation majeure, avec Semyon Varlamov et Sergei Bobrovski en balance pour la place de numéro un.
Dans une compétition d’une telle densité, la marge de manœuvre des Russes sera forcément limitée et ils devront trouver les ressources pour évacuer la pression et ne pas passer à côté d’une chance unique. Car, ainsi que le signale à juste titre Vladislav Tretiak, les JO conservent une saveur à nulle autre pareille. « L’impact des Jeux sera toujours spécial. Un champion olympique sera remémoré par plusieurs générations après sa victoire, a affirmé le mythique cerbère lors d’un entretien accordé à Yahoo Sports. Partout où je vais, je ne suis pas présenté comme quelqu’un ayant gagné dix fois les championnats du monde. Je suis introduit comme un triple champion olympique. Et cela compte. » Partie en croisade, l’armée rouge doit désormais déployer un plan de bataille savamment élaboré pour ne pas passer à côté du rendez-vous de Sotchi, plus que jamais le défi d’une vie…
Le roster du Team Russia :
Gardiens : Sergei Bobrovsky (Columbus Blue Jackets), Alexander Eremenko (Dynamo Moscou), Semyon Varlamov (Colorado Avalanche).
Défenseurs : Anton Belov ( Edmonton Oilers), Denis Denisov (CSKA Moscou), Alexei Emelin (Montreal Canadiens), Andrei Markov (Montreal Canadiens), Evgeny Medvedev ( Kazan Ak-Bars), Nikita Nikitin (Columbus Blue Jackets), Ilya Nikulin (Kazan Ak-Bars), Fedor Tyutin (Columbus Blue Jackets), Vyacheslav Voynov (Los Angeles Kings).
Attaquants : Artem Anisimov (Columbus Blue Jackets), Pavel Datsyuk (Detroit Red Wings), Denis Kokarev (Dynamo Moscou), Ilya Kovalchuk (SKA St. Petersbourg), Nikolai Kulemin (Toronto Maple Leafs), Evgeni Malkin (Pittsburgh Penguins), Alex Ovechkin (Washington Capitals), Alexander Popov (Omsk Avangard), Vladimir Tarasenko (St. Louis Blues), Alexei Tereshchenko (Kazan Ak-Bars), Viktor Tikhonov (St. Petersbourg SKA).