Romain et augustin : un mariage pour tous

Publié le 08 février 2014 par Lorraine De Chezlo
de Thomas Cadène, Didier Garguilo et Joseph Falzon
Bande dessinée - 140 pages
Editions Delcourt - octobre 2013
Ils vivent ensemble, s'aiment, et Augustin se jette à l'eau : il demande Romain en mariage. Alors viennent les préparatifs, la date qu'on veut vite avancer, la famille à qui il faut l'annoncer, les préparatifs, location de château, plan de table et tralalas, mais aussi les interrogations intimes des futurs mariés, comment se positionner par rapport à l'acte auquel ils se préparent, comment tourner la page de leurs anciennes relations, dont celle de Kader qui attend un enfant au grand étonnement de Romain, comment être serein dans la certitude, comment continuer à aimer.
La première chose que je me suis dite à ouvrir l'album  c'est "mais c'est écrit trop petit !", pas très confortable à lire, faut vraiment coller le nez aux planches, ou alors c'est la vieillesse qui me gagne avec son lot de déficiences... Mais ensuite, c'était très agréable de retrouver Romain et Augustin, et Mathilde, et les parents... déjà entrevus dans la série Les autres gens (lus tomes 1 et 2). Et puis nous voilà embarqués dans la relation qui unit Romain, sûr de lui, fils de parents assez libertaires, et Augustin, dont la mère vivant à l'étage inférieur s'enferme dans un refus contestataire, et le père, remarié, est absent. Une préparation de mariage classique, avec ses classiques, ses clichés, clichés communs aux mariages hétéros et homos. Les chapitres en couleur dessinés par Didier Garguilo sont alternés par des intermèdes, en noir et blanc, dessinés par Joseph Falzon (les visages et leurs expressions sont moins réussis), où Dimitri, le cousin germain de Romain, filme son entourage, sa compagne militante, sa famille, et capte leurs réactions, leurs réflexions face au débat national qui anime la France de cet été 2013. La compagne de Dimitri évoque l'émotion face au discours de Taubira, le goût d'entendre une parole incarnée, une parole vibrante, qui rappelle que, quand la politique n'a pas (si peu) de pouvoir en matière financière, les sujets sociétaux sont encore ce qu'il reste pour exercer des leviers visant à harmoniser les relations humaines au coeur de la cité.

Très ancré dans l'actualité, le récit s'empare d'un thème politique, de ce sujet social qui se doit de bâtir une nouvelle cohésion, de rétablir une justice, quitte à froisser des convictions conservatrices. Il y a l'idée d'une volonté d'apaisement, de raison, d'indifférence. C'est là l'enjeu : aucun devoir, juste un droit, un droit sans conséquence sur autrui que sur ceux qui s'engagent, libres.Une comédie romantico-politique, un feuilleton numérique remis en pages papier, un plaisir à lire.
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