Comme je le racontais hier, nous avons eu la chance d’avoir des billets pour le judo aux JO de Londres. Pré Ado et Princesse 1 en font, nous n’avions pas demandé par hasard, et j’avais choisi le dernier jour de la compétition, celui des plus de 100kg pour voir Teddy Riner, l’idole absolue de Pré Ado.
Les consignes des organisateurs étaient très claires, pour éviter la foule, présentez vous au moins une heure à l’avance. Avec notre marmaille, c’était pratique! On a passé le trajet en train (50 minutes) à réexpliquer à Princesse 2, tout juste 4 ans, où on allait. Certes, elle avait vu passer la "lampe lépique" ( la flamme olympique, ou olympic torch en anglais…elle a eu un peu de mal pour traduire), nous nous étions même levés à 6 heures du mat pour voir la torche sous une pluie battante dans la rue principale, et bondée pour l’occasion de notre petite ville. L’école les avait saturé de projets divers depuis 6 bons mois (le fameux stade olympique en boîte à chaussure et papier alu à réaliser à la maison…), mais ça restait très confus dans son esprit. J’étais aussi dubitative, les compétitions de judo des enfants étant un supplice. On s’est donc présenté aux guichets un peu nerveux, avant de pouvoir accéder à l’esplanade. Déjà, nous étions pris d’un doute affreux, avions-nous pris le bon train, ne serions nous pas soudainement à Paris ? Ça parlait français partout autour de nous, encore plus que d’habitude! ( Londres est la cinquième ou sixième ville française…ça dépend si on compte les français inscrits à l’ambassade, ou si on fait une estimation, beaucoup ne s’inscrivent pas). Il y avait une ambiance phénoménale! Les gens aux guichet étaient charmants, ceux à la fouille étaient très gentils ( à la différence des cerbères à l’humour poutinesque des aéroports…oui, la métaphore est de saison). Marichéri a du prouver que son appareil photos faisait bien des photos et n’était pas une arme déguisée lançant des fumigènes, à la James Bond. Pour se faire, il a cliqué à la volée, sans regarder ce qu’il prenait en photo. Ce fut le postérieur du deuxième contrôleur, qui vérifiait penché, que le goûter de princesse 2 n’était pas piègé ( les cookies au chocolat, ces célèbres armes de destruction massives….). Le premier en rit probablement encore. Ça leur a tellement plu, qu’on aurait pu faire passer une kalachnikov dans le sac à dos de l’Ado après ça, ils se marraient trop pour vérifier.
Qui dit sortie mémorable avec des enfants dit cadeaux souvenirs. On n’a pas l’occasion d’aller voir les JO tous les jours. On a fait original, on leur a acheté des drapeaux français. Mais vu que la France entière avait décidé de faire un remake de 1066 et l’invasion de Guillaume le conquérant, la boutique était en rupture de stock, drame en perspective. C’est là qu’une maman se doit de réagir, vite, pour éviter de se traîner une gamine hurlante pendant 4 heures. J’ai acheté un drapeau hollandais, l’ai déchiré en deux sous les yeux émerveillés de la vendeuse, et hop tenus à l’envers, ça nous a fait deux magnifiques drapeaux français pour le prix d’un. La vendeuse a informé ses collègues qui se faisaient insulter en français depuis une demi heure parce qu’ils n’avaient plus le bon drapeau. On a croisé de ces bricolages tout le reste de la journée. J’attends toujours mon chèque. Nous avons enfin pénétré joyeusement dans l’excel center, le bâtiment. Les anglais sont tellement polis, ils avaient même pensé à installer une volontaire sur une sorte de chaise d’arbitre de tennis, juste pour qu’elle dise welcome à chaque personne qui rentrait.
Je ne vais pas vous raconter la compétition, mais c’était extraordinaire. Le public était délirant et en délire. la moitié de la salle supportant les français. Et les trois quart supportant Teddy Riner, mon voisin anglais m’informant d’ailleurs rapidement, très gentiment, qu’il était là pour le géant français aussi. Pré ado était en larmes tellement il était ému de voir son héros gagner, Princesse 2, après avoir consciencieusement hurlé "allez TeddyNer" s’est endormie au milieu du vacarme. L’Ado prenait des photos pour actualiser en live sa page Face Book, Princesse 1 voulait absolument faire coucou dans la caméra. Marichéri et moi, chacun à un bout de la file de gamins communiquions par texto, car c’était très bruyant et il y avait une ambiance boîte de nuit, avec spots et musique à fond la caisse entre les combats.
-t’as le jus d’orange, princesse 1 à soif?
-où sont les mouchoirs?
-attention, Pre Ado se mouche avec sa casquette!
-on a pris des aspirines?
-ça y est, l’Ado a lâché son téléphone sur la rangée devant, je l’envoie le chercher ou t’y vas?
-il te reste des aspirines?
-qui a piqué mon sandwich?
- et pour les aspirines?
Au comble de l’émotion, quand il a vu que c’était un autre champion français, David Douillet, qui remettait la médaille d’or à Teddy Riner, Pré Ado nous a annoncé, que quand il serait lui aussi champion olympique, il demanderait que ce soit Teddy qui lui donne sa médaille. On a essayé de le calmer un peu, mais il a un plan. Il portera les couleur de l’Irlande. Vu que personne n’y fait du judo, il est sûr d’être sélectionné. Mais la journée leur a tous laissé un souvenir indélébile. Et donc, ils sont scotchés à l’écran pour suivre les jeux d’hiver depuis hier. Princesse 2 vient de demander quand "Teddyner " va passer. Elle regarde le patinage artistique. Féminin.