Clémence est jeune, mais cela n’empêche pas qu’elle est l’une des plus anciennes chroniqueuses du Chat Qui Louche – automne 2010. À cette époque, elle résidait au Portugal, et le titre de sa participation était Chronique de Porto. Puis, elle a déménagé en Italie, et depuis ce temps, chaque quinzaine, nous lisons Chronique de Milan.
Clémence est une merveilleuse magicienne. Pourquoi ce mot ? Un magicien ou un prestidigitateur crée le réel ; ou du rien apparent, il fait sortir la vie, anime des êtres, émerveille. C’est ce que fait Clémence : un bout de rue, un rideau, un personnage falot ou furibond, un café… Tous ces éléments banals se rassemblent, se confondent et se cristallisent dans son imaginaire pour ressortir, ligne après ligne, en une mélopée modeste, mais ferme, qui ne casse pas, ne se dément pas, demeure cohérente, fidèle à la voix intérieure de celle qui écrit. Dès ses premiers textes, je l’avoue, je suis tombé sous le charme de cette Calypso du verbe et j’en suis devenu un fan inconditionnel.
Elle vient de publier son premier roman : Débandade, aux Éditions Philippe Rey. Un coup de maître de concision et d’homogénéité de la forme. L’intrigue est assez originale. Non comme réalité humaine, mais comme sujet littéraire – ainsi que le titre le suggère, elle traite de l’impuissance sexuelle du mâle.
L’action est bien menée. D’un bref chapitre à l’autre, vous ne vous ennuierez pas – parole de lecteur difficile ! Aucune lourdeur ; aucun déraillement dans les méandres des digressions longuettes. L’histoire est bien menée et se termine bien. Je ne vous la raconte pas. Vous y trouverez satisfaction et information. Mais c’est pour le style incomparable de Clémence que je vous recommande surtout cet ouvrage.
Vous y retrouverez cette musique à la Satie ou à la Arvo Pärt, bien ciselée, qui coule sans effort et sans fard dans ses chroniques. Véritable eau de source, qui s’étend calme, évidente, sur la glace en hiver.
Bonne lecture !
L’auteur…
Auteur prolifique, Alain Gagnon a remporté à deux reprises le Prix fiction roman du Salon
du Livre du Saguenay–Lac-Saint-Jean pour Sud (Pleine Lune, 1996) et Thomas K (Pleine Lune, 1998). Quatre de ses ouvrages en prose sont ensuite parus chez Triptyque : Lélie ou la vie horizontale (2003), Jakob, fils de Jakob (2004),Le truc de l’oncle Henry (2006) et Les Dames de l’Estuaire (2013). Il a reçu à quatre reprises le Prix poésie du même salon pour Ces oiseaux de mémoire (Le Loup de Gouttière, 2003), L’espace de la musique (Triptyque, 2005), Les versets du pluriel (Triptyque, 2008) et Chants d’août (Triptyque, 2011). En octobre 2011, on lui décernera le Prix littéraire Intérêt général pour son essai, Propos pour Jacob (La Grenouille Bleue, 2010). Il a aussi publié quelques ouvrages du genre fantastique, dont Kassauan, Chronique d’Euxémie et Cornes (Éd. du CRAM), et Le bal des dieux (Marcel Broquet). On compte également plusieurs parutions chez Lanctôt Éditeur (Michel Brûlé), Pierre Tisseyre et JCL. De novembre 2008 à décembre 2009, il a joué le rôle d’éditeur associé à la Grenouille bleue. Il gère aujourd’hui un blogue qui est devenu un véritable magazine littéraire : Le Chat Qui Louche 1 et 2 (https://maykan.wordpress.com/).