Nous avons marché un peu dans la pinède pour descendre à la plage. L'air s' accordait à mon émotion, j'avais la gorge sèche, le soleil passait entre les pins comme des lames fines qu'on aurait tirées du feu, la terre était recouverte de poussière et d'épines, de petits cailloux et de coquillages cassés, des parcelles de
Rochers que le temps avait fragmentés, et j'étais moi-même aussi faite d'éclats, de désordre et de chaud. J'étais dans mon corps et un peu au-dessus aussi, je me voyais clairement marcher avec Dario vers la crique, je savais ce qui allait nous arriver, j'avais conscience que bientôt je serais "ni tout à fait la même ni tout à fait une autre", et je souriais ä Dario, d'un sourire nouveau, plus tendre, presque amusé auquel il répondait en se mordant un peu les lèvres, c'était la première fois que je le voyais gêné.
Véronique Olmi, Le premier amour