Huit mois de la vie de Juliet vont se dérouler sous nos yeux, à coups de correspondance épistolaire. Car il ne faut pas s'attendre à un récit linéaire : l'intrigue se constitue de courriers entre les Londoniens (Juliet, Sidney, Susan, Mark, Sophie) et les iliens (Dawsey, Isola, Eben, Amelia, John et Will, sans oublier l'inoubliable Adélaïde et l'ingénieuse Kit). Bien sûr, quand on écoute l'histoire, il arrive souvent qu'on ne comprenne pas de suite ce qui est dit (surtout au début) car le récit se complète au fur et à mesure, tel un puzzle éclaté dont on possède la plupart des pièces mais dont le corpus reste à définir. D'un côté, les citadins branchés à la vie sociale aussi festive qu'hypocrite, de l'autre une population simple de paysans, d'institutrice, d'enquêtrice originale, d'alcoolique notoire, de baron usurpé, de personnes lettrées à l'intelligence du cœur ultra-développée. Très vite, se dessine non pas la confrontation de ces deux sociétés (au contraire, elles paraissent bien complémentaires et solidaires) mais le portrait de deux belles héroïnes : Juliet, trentenaire toujours célibataire et Elizabeth McKenna, l'absente, la fédératrice du Cercle, l'immense résistante, celle qui a porté l'amour au-delà des frontières et des divergences.
Le si mal nommé Le Cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates décrit la vie après-guerre, l'occupation allemande sous Guernesey, les cancans villageois, les entourloupes éditoriales, le retour des déportés, la survie et l'espoir. C'est un roman foncièrement réjouissant et facétieux, plein d'humour qui m'a tenue en haleine pendant mes courts trajets maison-boulot, au point de m'inciter à rester dans la voiture, afin de découvrir la suite des aventures de Juliet, toujours en recherche d'un Roméo. Je ne sais pas s'il m'en restera quelque chose mais en tout cas je ne peux nier le fait que j'ai passé un excellent moment avec tous ces héros de la vie. Le choix des lettres me semble parfaitement cohérent et judicieux avec la coexistence des deux auteures Mary Ann Shaffer et Annie Barrows (la première est décédée avant la parution du livre) : pas de dissonance dans le rythme, personnages bien marqués à la personnalité propre, intrigue sympa et bien écrite.
Mention spéciale aux voix de Cachou Kirsch (gaie, dynamique) et à Philippe Résimont (top classe, suave). Les autres n'ont pas démérité et ont le droit à la citation : Nathalie Hons, Nathalie Hugo et Thierry Janssens.
Traduction d'Aline Azoulay Éditions Audiolib
avis :
emprunté à la bibliothèque
et un de plus pour les challenges de Philippe (GN+GN), de Daniel, d'Asphodèle (prix du meilleur livre du Washington Post en 2008), de Heide et de Miss G