J'achève provisoirement le feuilleton sur la bande dessinée et l'univers politique français. Même en plusieurs parties, cela ne se veut pas exhaustif du sujet. Vos commentaires et réactions sont les bienvenus. Après avoir évoqué l’actualité, de Sarkozy à Delanoë, d’Elysée République aux illustrations de Jérôme Presti, il était difficile de conclure sans parler de mai 1968…
Evidemment parler de la politique française en mai 2008 sans évoquer les événements de 1968 et surtout leur commémoration en BD aurait paru bizarre. Le genre littéraire n’échappe pas à cette mode éditoriale.Parmi les nouveautés, à côté d’ouvrages pas vraiment révolutionnaires comme la vérité sur mai 68 par Monsieur B et Sophie Dumas paru chez Vent des Savanes, je retiendrai volontiers deux nouveaux titres.- Le premier est un album d’une centaine de pages que vous pouvez découvrir sur le site web du quotidien Le Monde. Paru chez Berg International, l’album intitulé mai 68. Histoire d’un printemps est un sérieux et intéressant travail d’Arnaud Bureau, jeune historien qui n’était pas né à l’époque des faits. L’ouvrage est mis en image avec sobriété et efficacité par Alexandre Franc dont c’est le premier album. Il a également son site web.
- Le second est une mise en image des chansons très engagées d’une militante de la première heure, Dominique Grange, par son compagnon qui n’est autre que Tardi. Plus un album d’illustrations, les dessins de Tardi y font mouche comme souvent et font mieux résonner encore les paroles des 15 chansons qui l’accompagnent. 1968-2008. N'effacez pas nos traces! est paru chez Casterman.
Côté BD véritable, l’époque avait été brossée dans le second tome de Célestin Spéculoosde Bodard et Yann où le héros Célestin campe un CRS en plein mai 1968… A venir, la « vraie fausse suite aléatoire » de l’Envolée Sauvage, le remarquable diptyque de Laurent Galandon et Arno Monin. L’enfant maudit à paraître toujours chez Bamboo offrira une plongée au cœur de mai 1968, comme en témoigne cet extrait sur le site de Laurent.
Finalement, la politique couvrant pratiquement tous les domaines de la vie courante, il est normal qu’elle influence les auteurs. Si, de surcroît, cela participe au débat, assure une bonne compréhension du message et incite les citoyens à se mobiliser, la bande dessinée aura joué pleinement son rôle. Il est donc clair que ce tableau, non exhaustif, connaîtra des suites.