A propos d’American Bluff de David O. Russell
Amy Adams
Un petit mot rapide sur American Bluff qui n’a pas suscité beaucoup d’émois ni de réactions à la rédaction de borokoff.
Inspiré par le scandale de l’affaire Abscam à la fin des années 1970 (gigantesque arnaque immobilière montée par le F.B.I pour faire tomber un maire et des députés corrompus ainsi qu’un mafieux italien mêlé à l’histoire mais qui parviendra à en réchapper à temps), American Bluff clôt selon l’aveu du réalisateur une trilogie inaugurée par Fighter (2010) et continuée par Happiness Therapy (2013).
Michael Peña, Jeremy Renner
Malgré un casting impressionnant (Bale, Cooper, Renner, Lawrence, De Niro et Adams s’en tirent avec des fortunes diverses) et des dialogues qui font souvent mouche, le film ne parvient pas à remporter l’adhésion ni de véritable élan du coeur.
Le scénario, au goût de déjà vu, est un peu embrouillé. Les traits des personnages comme leur dégaine (sans parler des vêtements et des accessoires) sont un peu exagérés ou forcés, notamment en ce qui concerne l’allure des personnages joués par Bale ou Renner.
Jennifer Lawrence
Les enjeux d’un scandale politique aux ramifications profondes dont American Bluff s’inspire sont certes complexes, mais le scénario aurait pu en tirer une synthèse plus claire. L’échec du scénario vient de sa grande difficulté à articuler de manière fluide les différentes phases de cette vaste arnaque, avec tous ses tenants et ses aboutissants. Il intègre en tout cas de manière désordonnée et maladroite ces protagonistes, du mafieux italien joué par De Niro à un pseudo Cheik du Moyent-Orient, d’un maire corrompu du New-Jersey (Jeremy Renner) à un couple passé maître dans l’art de l’arnaque et de l’imposture (Christian Bale et Adams) en passant par un agent ambitieux mais un brin naïf et sentimental du FBI (Bradley Cooper). En reine de l’ambiguité, Amy Adams est remarquable, à la fois stratège froid et femme fatale à laquelle l’agent du FBI ne pourra résister. Renner quant à lui est moins convaincant en maire…
Bradley Cooper, Christian Bale
On est un peu étourdis certes mais pas vraiment convaincus ni pris par l’histoire. Etrangement, dans le genre portrait d’arnaqueur, Le Loup de Wall Street était plus drôle plus réussi (à défaut d’être très fin) et plus spectaculaire, qui se passait dans l’univers de la finance et non de la politique.
La confusion du scénario n’explique pourtant pas à elle seule le manque d’enthousiasme voire la déception que suscite American Bluff. Car la réalisation de David O. Russell souffre tout simplement de sa lenteur, de la longueur de ses scènes parfois, à l’image des engueulades certes jouissives et très bien écrites entre Rosalyn Rosenfeld (Jennifer Lawrence, qui a tendance à surjouer au passage voire à jouer mal, grande nouveauté chez elle) et son mari (Christian Bale, pas troujours très à l’aise, à l’image de l’embonpoint de son personnage qui tranche radicalement avec celui qu’il incarnait superbement dans Fighter) mais trop répétitives.
Le film aurait sans doute gagné à être coupé d’une bonne demi-heure. La chute aussi tombe un peu à plat. Quant à la véritable originalité de l’histoire, le débat demeure…
http://www.youtube.com/watch?v=dBbNNgsdXxg
Film américain de David O. Russell avec Christian Bale, Bradley Cooper, Amy Adams, Jennifer Lawrence, Jeremy Renner, Robert De Niro (02 h 18)
Scénario de David O. Russell et Eric Singer :
Mise en scène :
Acteurs :
Compositions de Danny Elfman + ajouts de Duke Ellington, Donna Summer, des Bee Gees, etc… :